Plus de 15 jours sont passés depuis que le sang a coulé dans la rédaction «Charlie Hebdo» et dans la rue près du siège du journal satirique français. Et pourtant, en dépit de la mobilisation des agents de renseignement, de la police et des moyens colossaux pour dénouer les tenants et les aboutissants de ce massacre, l’enquête tarde à livrer quelques informations. D’autant plus étonnant que l’origine des armes utilisées dans cette attaque par les frères Kouachi et l’arsenal et les bâtons d’explosifs trouvés en possession d’Amedy Coulibaly est connue des médias et de nombreux observateurs. Les médias belges insistent sur le fait que l’arsenal des trois assaillants a été procuré en partie par Coulibaly à Bruxelles pour la modique somme de 5000 euros. La Belgique est devenue depuis de nombreuses années un marché florissant d’armes en provenance de certains pays d’Europe de l’Est. Des armes qui servent aux braqueurs et aux terroristes.
Le Maroc avait failli être le théâtre d’attentats sanglants n’eût été la vigilance des services marocains. En témoigne le démantèlement, en 2008, de la cellule terroriste d'Abdelkader Belliraj «Harakat Al Moujahidine Fi Al Maghrib» dont les membres, ayant introduit des armes en provenance de Belgique, avaient pour objectif de commettre des attaques meurtrières sur le sol marocain. Les membres de la cellule terroriste de Belliraj avaient mentionné le nom du belgo-marocain Ali Aarras en tant que responsable de la logistique. Extradé par l'Espagne en 2010, Aarras est détenu depuis à la prison de Salé. Dans leur enquête sur cette structure terroriste, les autorités marocaines sont parvenues à identifier les fournisseurs slaves du réseau Belliraj, ce dont elles ont fait part aux autorités belges. «Sauf que le ministère de l’Intérieur belge a sciemment refusé d’agir et d’entreprendre une quelconque action pour démanteler cette pépinière terroriste», précise à Le360 une source fiable. D’aucuns regrettent que les services belges n’aient pas pris les mesures qui s’imposaient pour mettre un terme aux agissements de ce groupe terroriste. «Le ministère de l’Intérieur belge avait-il craint que l’opinion publique se rende compte que le pays est devenu un marché prospère d’armes dont s’approvisionnent les terroristes ?» ajoute notre source.
L’ombre de Ali Aarras
Il a fallu le choc de l’attentat contre «Charlie Hebdo» pour que les services belges réagissent efficacement. Et c’est en menant une opération anti-terroriste d’envergure à Verviers près de Liège qu’ils découvrent que des attentats sanglants étaient en préparation, et qu’un groupe de terroristes équipé de kalachnikov AK 47, s’étant entraîné en Syrie, avait l’intention de commettre l’irréparable. L’opinion publique belge est alors surprise, en apprenant pour la première fois que le pays abritait un important commerce d’armes de guerre.
Aussi, des observateurs ne manquent pas de manifester leur stupéfaction quant au mutisme des associations des droits de l’homme au sujet du débat en France sur le renforcement des lois antiterroristes, pouvant conduire à la violation des libertés individuelles. On regrette également que les voix qui ne ratent aucune occasion pour tonner contre les soi-disant violations des droits humains sous d’autres cieux, se soient tues quand il est question de transgressions commises par la justice française. C’est le cas notamment pour Ahmed Sahnouni El Yaacoubi déchu, vendredi 23 janvier, de sa nationalité française sur la base d’une jurisprudence du Conseil constitutionnel de 1996, ayant soutenu que «cette sanction a été prévue sans méconnaître les exigences des droits de l’homme» ! De même que l’on est resté de marbre face aux moult procédures pénales diligentées depuis l’attentat contre Charlie Hebdo.
En revanche, quand il s’agit du Maroc, les prétendus défenseurs des droits humains et de la liberté d’expression sortent leurs griffes et tirent à boulets rouges sur le royaume. C’est le cas, entre autres, d'Ali Aarras et d’autres criminels considérés comme des «détenus d’opinion», qui prétendent qu’on «aurait arraché leurs aveux sous la torture». Ces prétendus défenseurs des droits humains seraient-ils prompts à croire tous ceux qui brandissent la carte des droits de l’homme, même s’ils sont des terroristes ou marchands d’armes comme Ali Aarras ? Les droits de l’homme et le terrorisme ne font pas bon ménage.
La question, la vraie, c’est que les autorités marocaines ont prévenu le ministère de l’Intérieur belge que Aarras était au centre de l’approvisionnement en armes de guerre de cellules terroristes dont celle de Bellirej et que ces autorités ont fait la sourde oreille à la mise en garde du Maroc… La deuxième vraie question: c’est que la torture est devenue l’arme favorite de ceux portant la double nationalité et qui sont interpellés au Maroc soit pour terrorisme (Ali Aarras) soit pour des affaires d’escroquerie (Moumni)… La 3ème vraie question: alors que les lois se raidissent au mépris des droits de l’homme pour lutte contre terrorisme jusqu’à déchoir une personne d’une nationalité en Europe occidentale, gardes à vue prolongées sur la base de simples présomptions ou précautions, délits de faciès ou d’habits à répétition… Cela n’émeut pas outre mesure les défenseurs des droits de l’homme alors qu’ils auraient crié au scandale si le quart de cela avait eu pour théâtre le Maroc.