Hormis un cas unique à Marrakech, aucune avocate n’a osé se présenter aux élections des bâtonniers, comme si la femme n’avait pas droit de cité dans cette corporation. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 22 décembre, que la robe noire n’a ainsi pu faire valoir, lors de ces élections, le texte constitutionnel qui instaure la parité entre l’homme et la femme en garantissant à cette dernière l’accès aux postes de responsabilité. Pourtant, c’est un droit constitutionnel bien défini dans l’article 19: «L'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental... L'Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination».
Les dernières élections des bâtonniers et des membres des Conseils de l’ordre des avocats montrent que le premier ennemi de la femme demeure la femme elle-même. En effet, la femme avocate, qui porte la responsabilité de défendre, depuis 1963, les droits et les libertés dans tous les tribunaux marocains, ne parvient toujours pas, à ce jour, à convaincre ses consoeurs de voter pour elle. Une hérésie qui marque le plus ancien ordre des avocats, en l’occurrence celui de Casablanca, où aucune femme n’a eu le courage de concurrencer ses confrères pour briguer le poste de bâtonnier.
Le quotidien Assabah rapporte que le combat que mène la femme pour son épanouissement ne dépasse pas les salons des séminaires et les associations féministes. Du coup, ce combat légitime ne s’est pas concrétisé sur le terrain où l’idéologie masculine continue de dominer, tant les femmes hésitent à affronter les élections. Pourtant, la femme continue de réclamer son droit constitutionnel et l’application du quota. Or, les seules à pouvoir réaliser l’égalité entre la femme et l’homme demeurent les femmes elles-mêmes, qui représentent 50% de la population marocaine et n’ont rien à envier aux hommes. Elles devraient donc bénéficier de la parité, sachant qu’elles sont nombreuses à avoir montré leurs compétences dans tous les domaines.