Âgée d'une vingtaine d'années, la femme transportait sur son dos de la marchandise achetée à Sebta qu'elle voulait acheminer de l'autre côté de la frontière, jeudi matin, comme le font quotidiennement des milliers de femmes à ce poste-frontière entre le Maroc et le préside occupé, a indiqué à l'AFP Mohamed Benaïssa, de l'Observatoire du nord des droits de l'Homme (ONDH).
La jeune femme a été piétinée dans une bousculade, a expliqué M. Benaïssa.
Transportée dans un hôpital de la ville voisine de Fnid'q, elle a été évacuée dimanche à l'hôpital provincial de Tétouan, où elle est décédée à son arrivée, a précisé à l'AFP un médecin urgentiste de l'hôpital.
Selon lui, elle souffrait d'une oedème aigu du poumon, une affection pulmonaire d'origine cardiaque.
Les autorités de Sebta avaient rénové fin février l'ancien poste-frontière, notamment pour améliorer les conditions de travail des porteurs de marchandises vers le Maroc, dont la très grande majorité sont des femmes.
Elles avaient également annoncé un renforcement des mesures de contrôle, notamment le poids et les dimensions des colis portés par les travailleuses journalières, et l'établissement d'un quota maximum de 4.000 porteurs par jour.
Ces mesures n'ont cependant pas réglé le problème et l'ouverture du nouveau point de passage a été marquée par de nombreuses bousculades, nécessitant à plusieurs reprises l'intervention musclée des forces de l'ordre.
Face à cette situation, le poste-frontière a été de nouveau fermé pendant une semaine, avant de rouvrir à la mi-mars.
Les "femmes-mulets", qui transportent parfois jusqu'à 70 kilos sur le dos, font plusieurs allers-retours dans la journée, et ce dès l'aube, et sont "traitées comme du bétail", selon Karima Omar El Ayachi, une responsable locale de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH).
"Ce qui s'est passé est la conséquence de la gestion chaotique du passage frontalier par les autorités des deux pays", a accusé pour sa part M. Benaïssa.
En novembre, l'Association pour les droits de l'Homme en Andalousie (APDHA) avait dénoncé la situation des "porteuses" de Ceuta, estimées à près de 7.000, qui "transportent des poids de 60 à 90 kilos sur leurs dos" pour 100 dirhams par jour, et subissent "humiliations quotidiennes et traitements dégradants".