La guéguerre bat son plein entre Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement et SG du PJD, et Samira Sitaïl, directrice de l'information et DGA de 2M. Pour rappel, Benkirane a ouvert les hostilités, le week-end dernier, en la prenant à partie lors d'un meeting avec des cadres PJDistes. Samira Sitaïl a fait une sortie en début de semaine sur la presse pour dénoncer l'attitude du SG du PJD. La directrice de l'info de 2M a crié haut et fort qu'elle est victime de "harcèlement pyschologique". Jeudi, 2M a publié un communiqué incendiaire dans lequel elle a dénonce les attaques dont font l'objet ses journalistes. Allusion faite aux dernières sorties de Benkirane et de son ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi.
Selon Annass, dans sa livraison de ce vendredi 30 mai, Samira Sitaïl a déclaré, lors d'une rencontre à Rabat sur les médias, que "2M n'est pas financée par le contribuable". Selon elle, "95% du financement de la chaîne sont assurés par les recettes publicitaires, alors que 5% seulement proviennent de la subvention publique. Une subvention qui a été réduite de 75% depuis 2000 pour atteindre 35 millions DH". "2M se taille la part du lion en matière d'audience (26%)", a tenu à rappeler Samira Sitaïl. Le quotidien ajoute que la DGA de la chaîne d'Aïn Sebaâ a insisté sur l'importance du débat public sur les médias, en précisant qu'il s'agit d'une pratique démocratique. Et de regretter, néanmoins, que certaines parties soient écartées de ce débat.
Akhbar Al Yaoum estime, de son côté, que Samira Sitaïl en faisant ces déclarations en remet une couche sur son conflit avec le chef du gouvernement et son parti. Et comme pour battre en brèche les propos de la directrice générale adjointe de 2M, le journal rapporte des déclarations de Abdellah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, qui affirme que l'Etat détient 72% du capital de SOREAD-2M depuis 1996.
Calculs politiciens
Pour Abdelilah Benkirane, 2M n'a d'autre souci que de combattre l'expérience gouvernementale de son parti. Ceci alors que le désamour entre le PJD et 2M remonte loin dans le temps. Les cahiers des charges ont été à une certaine période la goutte qui a fait déborder le vase. Mais les dernières sorties du PJD, avec à leur tête celles du chef du gouvernement, contre les médias publics sont en train de revêtir un aspect politicien à peine masqué. Benkirane et ses frères du PJD oublient qu'il existe une Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), dont les missions consistent à réguler le secteur, signaler les dérapages et veiller au respect du pluralisme des opinions qui font la richesse du Maroc.