Des milliers de femmes venues de la région d’Essaouira, Chichaoua, Marrakech ou encore Chtouka Ait Baha se sont dirigées, la semaine dernière, vers la commune de Sidi Boulaalam, à 70 km d’Essaouira, à l’occasion d’une opération de distribution de denrées alimentaires organisée par une association locale. Afin d’être les premières servies, certaines femmes ont entamé leur périple dès le vendredi et ont dû dormir dans la rue.
Dimanche, jour des dons, le drame survient au bout de quelques minutes seulement. Un mouvement de foule entraîne la mort de 15 femmes et en blesse 5 autres, dont 2 grièvement. Certaines personnes ont été transférées à l’hôpital régional d’Essaouira. L’état de santé des deux autres femmes blessées a nécessité leur transfert par hélicoptères - l'un appartenant à la Gendarmerie royale et l'autre au ministère de la Santé - vers le Centre hospitalier universitaire (CHU) Mohammed VI à Marrakech.
La baraka du cheikhSelon les témoignages, près de 5.000 personnes ont afflué vers la commune de Sidi Boulaalam. Elles ne se sont pas uniquement déplacées pour le panier de denrées alimentaires, d’une valeur de 150 dirhams. Si elles ont fait tout ce trajet, c’est aussi et avant tout pour toucher la baraka du cheikh qui a pour habitude de faire de tels dons à cette période, depuis maintenant sept ans, comme l’ont expliqué plusieurs personnes à le360.
Les habitants dévastésLes habitants nous ont confié leur colère suite à cet événement tragique, imputant la responsabilité de ce drame à la mauvaise organisation de la distribution des aides quand d’autres pointent du doigt «l’association d’apprentissage du Coran de la province d’Essaouira» présidée par Abdelkebir Al Hadidi, le bienfaiteur. Rappelons que la bousculade a fait tomber des personnes qui n’ont pas pu se relever parce qu'elles étaient prisonnières des barrières. Elles ont été piétinées et sont mortes asphyxiées.
Abdelkebir Al Hadidi: "C'est le destin"Après avoir gardé le silence pendant de longues heures, le cheikh Abdelkebir Al Hadidi est sorti de son mutisme. Le bienfaiteur a balayé toute responsabilité dans ce drame qu’il attribue au "destin".
Alerte sécuritaire sans précédentPour sa part, le commandement régional de la Gendarmerie royale et de la Protection civile Marrakech-Safi a déployé tous ses éléments pour venir en aide aux personnes blessées et transférer les dépouilles à la morgue de l’hôpital régional d’Essaouira. Une délégation officielle conduite par le wali de la région de Marrakech-Safi, Abdelfettah Lebjioui, accompagné du gouverneur de la province d’Essaouira, Jamal Makhtatar, s'est rendue sur les lieux.
Absence d'infrastructuresIl est à noter que les familles des victimes ont rencontré beaucoup de difficultés pour venir au secours des blessées en raison du contexte géographique et de l'absence d’infrastructures routières et de centres hospitaliers. La région souffre également d'un manque d'eau potable (encore trop rare), de l'absence d'électricité, de la hausse du chômage qui touche les jeunes de la région et de la pauvreté.
Des journalistes venus de partoutDès les premières heures de l’incident, des journalistes de médias nationaux et internationaux ont afflué sur les lieux.
Ouverture d'une enquêteDeux jours après le drame, le calme est de retour. Les commerces ont rouvert et la circulation a repris à Sidi Boulaalam, note notre envoyé spécial. Une enquête judiciaire a été ouverte sous la supervision du parquet compétent pour déterminer les circonstances de l’incident et établir les responsabilités dans ce terrible drame qui a ému tout le pays...