Le programme pour des usages légaux du cannabis, à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles devient concret au Maroc. La première saison de la culture de cette plante, jusqu’ici prohibée dans le pays, est donc désormais lancée: des agriculteurs et des coopératives de trois provinces du nord du Royaume, Chefchaouen, Al Hoceïma et Taounate, ont reçu de l’Etat leurs premiers semis.
Pour cette première saison, l’opération concernera une superficie de 105 hectares de cultures de cannabis, pour un total de 170 agriculteurs, annonce Al Ahdath Al Maghribia, ce jeudi 4 mai.
L’an prochain, les agriculteurs ciblés ce programme seront encore plus nombreux: 500, précise le quotidien.
L’importation des graines de cannabis, indiquent des interlocuteurs interrogés par Al Ahdath Al Maghribia, «a été encadrée par les autorisations délivrées par l’Agence nationale de régulation du cannabis et l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA)», dans la lignée de «la mise en œuvre du décret ministériel des ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture (N°22-1295 du 12 mai 2022), régissant l’opération».
Pour le Collectif marocain pour l’usage thérapeutique et industriel du cannabis, explique le quotidien, «le processus de la légalisation du cannabis et de l’usage thérapeutique de sa culture en est encore à ses premières étapes, avec une première saison de culture».
Chakib El Khiyari, président de cette association, a expliqué à Al Ahdath Al Maghribia que «la distribution de graines de cannabis aux agriculteurs est un signe démontrant que l’Etat vise à instaurer une alternative économique réelle», et a aussi précisé que «les autorisations délivrées sont considérées comme étant expérimentales, pour vérifier l’efficacité du système instauré».
Le président du Collectif marocain pour l’usage thérapeutique et industriel du cannabis s’inquiète aussi du «sort d’agriculteurs qui n’ont pas bénéficié des autorisations nécessaires pour leurs cultures, et qui se retrouveraient dans l’obligation de recourir aux circuits traditionnels».
La stratégie instaurée par l’Etat pour les usages légaux du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles marque donc désormais un changement clair dans l’approche qui a pu prévaloir par le passé, conclut Al Ahdath Al Maghribia.