C’est une première. Dans les provinces d’Al Hoceima et de Chaouen, les cultivateurs de la plante de cannabis ont décidé de lancer une initiative légale pour accompagner la mise en œuvre de la nouvelle législation relative à cette culture. D’après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 26 avril, ces derniers viennent de créer la «Coordination des zones d’origine du cannabis». Cette initiative intervient au moment où le nouveau projet de loi sur les usages légaux du cannabis vient tout juste d’être présenté par le ministre de l’Intérieur devant le Parlement.
Parmi les premières revendications de cette organisation associative, une révision du casier judiciaire des personnes recherchées pour cette activité, l’assainissement du foncier consacré à cette culture et l’accélération du renforcement du rôle des coopératives. Concrètement, précise le quotidien, ce sont des habitants des zones historiquement connues pour la culture du cannabis à Al Hoceima et Chaouen, et plus particulièrement Bni Khaled, Ketama et Bni Seddath, qui ont mis en place ce cadre associatif avec pour principal objectif de défendre les droits des petits cultivateurs.
Bien sûr, la nouvelle association a applaudi la décision prise par l’Etat de légaliser cette culture pour des usages médicaux et industriels, écrit le quotidien. Mais elle a, en même temps, insisté sur la nécessité de voir la mise en place de ce nouveau cadre légal accompagnée de mesures à caractère économique, social et judiciaire destinées aux populations de ces zones. La première mesure exigée étant, évidemment, une amnistie générale au profit de toutes les personnes inculpées ou recherchées pour l’exercice de cette activité, souligne Al Ahdath Al Maghribia.
La nouvelle association appelle également à la régularisation de la situation des terres consacrées à cette activité, aussi bien vis-à-vis des services des Eaux et forêts que pour ce qui est du statut des terres collectives. Et pendant qu’on y est, les fondateurs de cette coordination suggèrent également la création de réserves naturelles dans ces zones, pour encourager l’activité touristique. Entre autres revendications de la coordination, l’implantation sur place des unités de traitement et de conditionnement du cannabis, ainsi que la mise à niveau des centres ruraux et la mise en place d'infrastructures nécessaires à leur développement.
D’une manière globale, note le quotidien, l’association appelle à l’élaboration d’un ambitieux modèle de développement local spécifique à ces régions. Ce faisant, l’association fait référence à un cadre contractuel, entre l’Etat et ces zones, d’une durée de dix ans qui devrait permettre une mise à niveau globale des différentes agglomérations rurales de ces zones avec, notamment, des centres de formation pour les jeunes et les agriculteurs.