La ville de Casablanca s’apprête à accélérer le rythme de réalisation du projet de l’Avenue royale, un vaste parc urbain de 47 hectares destiné à relier la Mosquée Hassan II à la place Mohammed V. Ce chantier emblématique, dont le coût global avoisine deux milliards de dirhams, englobe un ensemble d’opérations complexes, notamment le relogement et la réinstallation des habitants des zones concernées, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce vendredi 28 novembre.
La Société de Développement Local Casablanca Iskane et Équipement mobilisera son expertise dans le domaine immobilier afin d’assurer la gestion de ces opérations. Elle accompagnera les familles visées à travers un dispositif social, technique et financier visant à garantir la «sécurité juridique» de l’acquisition des terrains par la commune, un point clé pour éviter tout blocage administratif susceptible de ralentir les travaux dans les années à venir.
Une enveloppe de 15 millions de dirhams sera consacrée à une mission technique et juridique de 36 mois pour sécuriser la procédure d’expropriation, précise Al Ahdath Al Maghribia. Celle-ci couvrira toutes les étapes: recherches foncières, publication des décisions administratives, négociations à l’amiable, dépôt des indemnités, suivi des dossiers judiciaires et finalisation des procédures de titrisation. Dans un projet d’une telle ampleur, chaque étape doit être rigoureusement encadrée pour éviter tout retard.
La dimension sociale, considérée comme la plus sensible, bénéficiera d’un budget d’environ 24,9 millions de dirhams. L’objectif est d’accompagner le relogement humain et progressif d’environ 6.000 familles vivant aujourd’hui dans des bâtiments menaçant ruine le long du tracé prévu pour le parc. Ces foyers seront transférés vers le quartier Ennassim 2, dans une logique d’intégration sociale et économique. Le programme prévoit également l’indemnisation ou la réinstallation d’environ 500 locaux commerciaux et professionnels, un volet crucial pour préserver l’activité économique des petits commerçants.
Afin d’assurer une gestion moderne et centralisée du projet, une troisième mission sera lancée. Il s’agit de la création d’un système d’information géographique (SIG). Ce dispositif, dont la mise en œuvre coûtera près de 2,58 millions de dirhams sur trois ans, constituera une base de données intégrée centralisant les informations topographiques, les dossiers des ménages, les données relatives aux compensations, le suivi des procédures d’expropriation ainsi que l’état d’avancement des travaux sur le terrain. Les responsables de Casa Iskane misent sur cet outil numérique pour optimiser la coordination entre les différents intervenants et fluidifier la prise de décision, tant les opérations techniques et juridiques sont nombreuses et interdépendantes, écrit Al Ahdath Al Maghribia.
Le projet de l’Avenue royale semble ainsi entrer dans une phase nouvelle, plus structurée, plus méthodique et plus ambitieuse. À terme, ce corridor urbain reliant deux symboles majeurs de Casablanca devrait se transformer en un espace public emblématique, capable de redéfinir la manière dont les habitants vivent et perçoivent leur ville.
Le Conseil de la ville, aux côtés de trois autres institutions (le groupe CDG, la Société nationale d’équipement collectif (Sonadac) et la Société Casablanca Iskane et Équipement) multiplie les efforts pour accélérer la concrétisation de ce chantier d’envergure. L’implication du groupe CDG traduit une volonté forte de sécuriser le financement, en particulier pour les coûts périphériques liés au relogement des familles et des commerçants.
En septembre dernier, une session extraordinaire du Conseil communal a été consacrée à l’adoption d’une convention de partenariat visant à accélérer la réalisation du projet. Celle-ci prévoit notamment le transfert gratuit des actifs fonciers liés à l’avenue depuis Sonadac vers la commune, ainsi que l’effacement des dettes associées. La convention engage également les partenaires à garantir un accompagnement social des ménages concernés, afin de leur offrir un logement digne durant le processus de relogement. Sonadac prendra en charge l’opération de transfert des bénéficiaires vers le projet Ennassim, conçu pour accueillir les familles dans une logique conciliant réhabilitation urbaine et investissement.
Au-delà de ses dimensions urbanistiques, sociales et économiques, l’Avenue royale apportera aussi une forte valeur environnementale. Près de 40 hectares d’espaces verts seront aménagés de part et d’autre de cette voie verte de 1,5 kilomètre, créant un axe de fraîcheur et de respiration au cœur d’une ville marquée par une forte densité bâtie. Cette transformation intervient alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe du monde 2030, un événement qui accélère la mise à niveau de plusieurs infrastructures urbaines. À terme, Casablanca ambitionne de faire de l’Avenue royale non seulement un trait d’union entre deux repères architecturaux majeurs, mais aussi un symbole du renouveau urbanistique de la métropole, mêlant modernisation, durabilité et qualité de vie.








