L’histoire de ce médecin est pour le moins peu banale. Agé de 44 ans, inscrit légalement à l’ordre de sa profession et membre de l’association «Médecins sans frontières», il avait ouvert son cabinet dans le quartier du 2Mars à Casablanca.
Il recevait ses patients, leur prescrivait des médicaments et opérait même dans certains cas. Mais voilà que le médecin a voulu renvoyer de lui une autre image pour attirer davantage de patients. C’est ainsi qu’il a pensé à l’uniforme militaire pour obtenir le statut de «médecin militaire».
La formule avait fait recette et le cabinet était vite devenu célèbre. L’affaire s’est même avérée florissante durant les quatre ans que ce médecin exerçait sous une faute identité, rapportent les quotidiens Assabah et Akhbar Al youm dans leur édition de ce week-end des 28 et 29 mai.
Et durant ces quatre années d’exercice, aucune plainte n’a été déposée contre lui auprès des instances professionnelles du secteur.
Son arrestation, jeudi dernier, a été effectuée sur la base de certaines informations parvenues à la brigade de gendarmerie royale du 2Mars. C’est ainsi que des gendarmes qui se sont fait passer pour des accompagnateurs d’une patiente, lui avaient tendu un piège pour le surprendre en flagrant délit d’usurpation d’identité avec son uniforme militaire.
Soumis à interrogatoire, le médecin a avoué que cette formule de «médecin militaire» lui rapportait beaucoup et lui donnait, en même temps, un certain prestige dans la société, précisent les deux quotidiens.
La perquisition de son cabinet a permis la saisie de plus d’une tonne de médicaments périmés et d’autres produits pharmaceutiques qui seront analysés par le laboratoire de la gendarmerie royale. Une pharmacienne a également été arrêtée pour livraison illégale de médicaments et un autre comptable a été interpellé pour falsification de factures.
Ceci, car le faux médecin militaire montait de faux dossiers médicaux à des personnes pour être remboursées par les assurances. C’est dire, font remarquer les deux publications, que durant quatre années d’activité, cette arnaque aurait occasionné des coûts importants pour les assurances visées par le faussaire.
L’enquête ouverte par les gendarmes de la brigade de 2Mars, sous la supervision du parquet général de la ville, pourrait conduire à l’arrestation d’autres complices du mis en cause qui avait pris le soin de donner une appellation à son cabinet qui inspirait confiance, «Bismi Allah» (au nom du Dieu), précise Akhbar Al Youm. Même l’idéal religieux a, ainsi, été investi par le faux médecin militaire.