Les responsables du conseil de la plus grande ville du Maroc semblent trouver un malin plaisir à prendre des décisions inopportunes qui offensent de plus en plus les Bidaouis. La dernière en date concerne le lancement d’un projet d’aménagement de toilettes publiques dont le coût total s’élève à 60 millions de dirhams, soit 600.000 dirhams l’unité. Ce projet, qui a été confié à la société de développement local «Casa aménagement» pour le lancement d’un appel d’offres pour la création de 100 sanitaires publics, suscite une vague d’indignation chez les utilisateurs de Facebook.
Ces derniers s’insurgent contre le coût déraisonnable de ce projet et dénoncent le silence assourdissant du maire de la ville et de ses collaborateurs qui rechignent à donner les détails de cette transaction. Les internautes se sont tous donné le mot pour les fustiger de tous les maux: «Dernière trouvaille au Maroc: un WC coûte 2,5 fois plus cher qu’un logement économique», ou encore: «Il faut donner la priorité à l’homme et non pas à ses selles», ajoute un internaute: «C’est l’emploi et l’enseignement qui assurent la dignité du citoyen dans ce pays et non pas un sanitaire qui coûte 600.000 de dirhams».
En réponse à la diffusion d’un document désigné comme un appel d’offres, Houcine Nasrallah, membre du conseil de la ville, a déclaré que la mairie avait introduit ce projet dans le programme 2016-2021. Elle lui avait alloué, alors, un budget de 10 millions de dirhams sans, toutefois, spécifier le nombre des toilettes à aménager. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 4 septembre, que lors d’un entretien téléphonique, Nasrallah n’a pas mâché ses mots: «Nous avons appris, par les médias, le prix excessif d’un seul sanitaire et j’estime que c’est un scandale, voire une catastrophe si ces chiffres sont confirmés. Je préfère acheter deux logements économiques et les transformer en WC car le prix ne dépassera pas 500.000 dirhams, au lieu de débloquer un budget de 60 millions de dirhams pour aménager 100 toilettes publiques.»
L’élu Casablancais affirme que ni lui, ni ses pairs n’ont reçu de document sur ce projet. «Le président du conseil et ses adjoints ne nous remettent jamais de documentation sur les projets qu’ils comptent réaliser. Pis encore, même lors de la tenue de la session du conseil, on ne reçoit aucun dossier. Ces responsables ont fermé toutes les portes du dialogue et se contentent de cautionner la gestion unilatérale de leur président qui jouit d’une majorité confortable pour passer ses décisions. Du coup, le lexique de la démocratie participative et du respect de la loi n’est qu’un slogan que l’on ne retrouve pas dans la gestion quotidienne de la ville», ajoute-t-il.
L’adjoint du maire, Mustapha El Haya, s’est contenté de dire que le projet des toilettes publiques avait été confié à «Casa Aménagement» pour une gestion déléguée: «Le conseil de la ville a chargé «Casa-aménagement» d’aménager les toilettes publiques. C’est cette société qui lancera les appels d’offres, adjugera le marché et supervisera sa gestion et sa réalisation. Ce n’est pas une question de coût ou de nombre de sanitaires, ce projet est entre les mains de cette société qui s’occupera de tout».