Circuler dans la métropole, de jour comme de nuit, est devenu une source de stress pour les Casablancais. Voitures, motocycles, bus et charrettes à traction animale… sillonnent tous les artères d’une ville en chantier, faisant de la mobilité fluide une image d’un passé lointain. Mais ce qui encombre le plus les routes de la ville reste les poids lourds qui circulent dans le périmètre urbain même aux heures de pointe.
Pour pallier ce problème, relevé à maintes reprises par les Casablancais, notamment sur les réseaux sociaux, le conseil communal de la métropole a décidé d’interdire la circulation à ces géants de la route, apprend-on de Moulay Ahmed Afilal, vice-président du conseil communal de Casablanca, interviewé par Le360.
«On ne peut plus tolérer la circulation des gros camions en pleine ville surtout aux heures de pointe. Il faut trouver une solution à cette catégorie de transporteurs», a-t-il déclaré.
L’interdiction des gros camions ne peut survenir du jour au lendemain. Il est donc indispensable de trouver des alternatives à ces professionnels de la route qui desservent une grande partie des grossistes de la capitale économique.
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Selon Moulay Ahmed Afilal, une réunion a eu lieu dernièrement entre Nabila Rmili, présidente du conseil communal, Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, et Amane Fathallah, directrice générale des Ports et de la marine marchande, avec pour objectif de «trouver une solution aux camionneurs», «sans léser les intérêts des commerçants».
Une «autoroute urbaine» inexploitée«On a pris conscience de l’existence d’une route qui relie le port de Casablanca (qui connaît un fort trafic des camionneurs, Ndlr) à la zone logistique de Zenata et qui est, jusqu’à présent, inexploitée», fait savoir ce responsable local.
Cette route maritime, qui s’étend sur 17 kilomètres, a été conçue pour organiser et fluidifier la circulation du trafic des camions poids lourds (conteneurs) entre la zone logistique et le port de Casablanca, pallier la saturation que connaissent les accès actuels du port et soulager les principales voiries mitoyennes, notamment le boulevard Moulay Slimane, et y améliorer les conditions de circulation, en détournant le trafic généré par le port qui emprunte cette artère, précise le site du ministère de l’Equipement et de l’Eau.
«Cette route a été réalisée avec un budget avoisinant un milliard de dirham et demeure fermée aux camions. Il faut l’exploiter le plus tôt possible», tonne Moulay Ahmed Afilal pour qui la desserte Nord ressemble le plus à une «autoroute urbaine».
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Mais qu’est-ce qui empêche l’ouverture de cette route maritime? «Un problème de foncier», répond cet interlocuteur. «Un petit terrain privé sis à la sortie de la plage Saâda à Aïn Sebaa a freiné les travaux», poursuit-il.
Selon ses précisions, l’ancien bureau du conseil de la commune de Casablanca a ouvert le dialogue avec le propriétaire dudit terrain et ils sont parvenus à un accord. «Malheureusement le propriétaire est décédé et les héritiers ne sont pas restés sur le même accord conclu avec l’ancien bureau», regrette cet élu local. Pour lui, la seule solution envisageable est, pour le moment, «l’expropriation», car «ce n’est pas possible de maintenir cette route fermée».
Création des zones de stockageUne autre solution: la création des zones de stockage. Pour Moulay Ahmed Afilal, «les camions doivent mettre leurs marchandises dans ces zones et la faire acheminer par la suite à Casablanca via des petits camions». Cela pourrait participer à la fluidification de la circulation en zone urbaine.
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«Nous sommes en train d’étudier cela avec le ministère du Transport et de la Logistique», note cet élu local, sans donner plus de précisions sur le nombre prévu des zones de stockage, ni sur leurs emplacements.
Déloger les marchés de grosUne dernière piste pour décongestionner la ville de Casablanca: déloger les marchés de gros. Et pour cela, les membres du conseil communal de Casablanca se sont inspirés d’une expérience française: «Nous avons visité le marché international de Rungis, sis aux portes de Paris, et où on trouve tous les marchés de gros. Les grossistes parisiens s’y rendent pour acheter tout ce dont ils ont besoin», indique Moulay Ahmed Afilal.
«On ne peut pas laisser les marchés de gros à l’intérieur de Casablanca», explique-t-il, avant de préciser qu’«une étude sur le délogement de l’ensemble des marchés de gros est en cours», ainsi que «les discussions avec les différents professionnels qui œuvrent dans les marchés de gros pour voir leurs propositions et essayer de trouver des solutions équitables pour tous».
Ces trois mesures devraient permettre de décongestionner les grands boulevards de la ville de Casablanca «sans toucher aux intérêts ni des camionneurs, ni des commerçants, ni des Casablancais», conclut cet interlocuteur.