Enfin, les nouveaux contrats de gestion déléguée des déchets et de nettoiement dans la métropole sont entrés en vigueur, le mardi 25 juin 2019. Un événement qui "fera date dans l’histoire de la ville", considère-t-on.
Pourvu que ce ne soit un nouveau pétard mouillé de ceux qui ont été élus pour améliorer la qualité de vie des Casablancais.
L’enthousiasme était perceptible chez l’autorité délégante (Conseil communal) que chez les deux délégataires, mais seulement de l’espérance pour la population. La gestion déléguée du service de la propreté urbaine et des déchets ménagers et assimilés est désormais entre les mains des sociétés libanaise, Averda, et française, Derichebourg, qui se partageront la responsabilité de ce secteur controversé dans les différents arrondissements de la ville.
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Les huit nouveaux contrats, dont le budget annuel est estimé à 893 millions de dirhams sur une période de 7 ans, ont comme particularité, l'obligation de résultats, l'amélioration de la qualité des prestations, la collecte nocturne, l'initiation au tri bi-flux, l'aménagement des points de regroupements des conteneurs, l'équipement de certains quartiers par la conteneurisation enterrée, avec un contrôle informatisé instantané afin d'atteindre une meilleure qualité des prestations et une satisfaction des Casablancais qui seront la cible de campagnes de sensibilisation quant à la nécessité de garder leur ville propre.
Averda et Derichebourg doivent, ainsi, mettre en œuvre tous les moyens matériels nécessaires (parc roulant, en qualité et en quantité, une conteneurisation suffisante et adaptée à la typologie d’habitat, matériel du balayage et autres accessoires) et le personnel (cadre et agents d’exécution) ayant les qualités et les compétences professionnelles requises pour accomplir les tâches prévues par le cahier des charges.
Cela aurait pu être une bonne nouvelle pour les citoyens, mais au vu des expériences précédentes et des couacs répétitifs dans la gestion de ce secteur, c’est le scepticisme qui règne, voire le désintérêt pour des Casablancais plus préoccupés par les parasols et la baignade.
"Wait and see", c’est l’attitude des plus optimistes qui attendent pour voir si les prochains mois apportent du nouveau dans le secteur, dont la mauvaise gestion, au cours des dernières années, est pointée du doigt.
"Il suffit de se rendre dans certains coins de la ville pour constater de visu que la métropole n’est plus blanche et que des points noirs persistent partout", regrette un Casablancais.
Les déchets de différents types traînent, a fortiori, sur les trottoirs, au coin des grandes artères et rues ou à côté des terrasses de cafés et restaurants, formant des conglomérats de bacs individuels ou collectifs éparpillés un peu partout. C’est le constat général fait par les autochtones que par les visiteurs de passage.
Bref, on se trouve souvent face à des décharges à ciel ouvert avec des relents insoutenables des fois même à quelques pas de lieux très fréquentés par des touristes, comme c’est le cas, à titre d’exemple, des environs de la gare ferroviaire de Casa Port et le centre-ville historique.
Même avant de signer les nouveaux contrats avec les deux délégataires, nul ne peut nier le fait que la gestion des déchets à Casablanca a toujours posé un grand problème malgré la désignation des précédentes sociétés délégataires et un projet de décharge écologique à l'étude, fait remarquer un observateur, rappelant l’échec de Sita Blanca, filiale de Suez Environnement, dont le contrat avec la ville a été résilié début 2018.
Si le système de collecte des déchets est un système complexe, qui fait intervenir de nombreux acteurs publics et privés, renchérit un écologiste, on oublie souvent que le problème de l’accumulation des déchets est aussi le fait des citoyens, qui n’hésitent plus à utiliser la rue comme dépotoir.
Deux phénomènes contradictoires apparaissent alors. A la fois, les gens veulent se débarrasser le plus vite possible de leurs poubelles, quitte à les jeter n’importe où et en même temps, beaucoup d’habitants ne supportent plus les décharges, supposées être les lieux de stockage des déchets.
Si une police de l’environnement a déjà vu le jour pour lutter contre le phénomène des ordures dans l’espace public, sensibiliser les opérateurs qui produisent de grandes quantités de déchets et veiller au respect du cahier des charges, les associations de protection de l’environnement qui œuvrent sur le terrain n’ont eu de cesse d’appeler à une action concertée et une coopération plus étroite avec cette police.
Dans le cas des décharges, explique encore cet écologiste, la question qui se pose à terme reste de savoir si on peut continuer sur le modèle de la décharge contrôlée et la méthode par enfouissement. D'après l’évaluation des différentes organisations de la société civile, il est temps de passer à une autre méthode de gestion des déchets à travers leur valorisation par le tri à la source et le recyclage.
Les acteurs associatifs pointent, le plus souvent du doigt, la décharge de Médiouna, à destination de laquelle quelque 4.000 tonnes de déchets sont transportés tous les jours, et tout ce qui s’ensuit comme nuisances écologiques aux riverains.
Après 30 ans d’enfouissement, c’est devenu une bombe à retardement pour toute la métropole.