Au cœur du quartier de Derb Loubila, dans l’ancienne médina de Casablanca, se joue une tragédie silencieuse. Ici, la vie des habitants est marquée par une angoisse permanente, la peur omniprésente d’une catastrophe latente. Chaque soir, avant de se coucher, ils récitent la Chahada, redoutant de ne jamais se réveiller. «La maison en face de nous menace ruine et pourrait s’effondrer à tout moment, entraînant la nôtre avec elle», confie une habitante, la voix tremblante.
Ici, les signes de la décrépitude sont partout: des murs fissurés, des toits effondrés et des façades lézardées, transformant la vie des résidents en un interminable cauchemar éveillé. «Nous sommes quatre familles qui vivent ici, constamment dans la peur. La dernière fois qu’un immeuble s’est effondré, j’ai cru que c’était la maison en face de nous», raconte-t-elle. La peur est palpable, les murs creusés de sillons sont l’illustration d’une inquiétante fragilité. Les jours sont rythmés par une vigilance accrue, et les habitants, sur le qui-vive, sont prêts à fuir à tout moment.
Le long de cette rue, plus de vingt maisons sont en état de ruine avancée, signale un habitant. «En témoignent les fissures béantes sur les façades et les murs instables. Nos vies, nos espoirs et notre futur sont suspendus à l’ombre de ces murs», déplore-t-il. Et chaque jour qui passe sans intervention accroît le danger, rapproche le désastre. Les enfants jouent à proximité de ces édifices menaçant de s’effondrer, inconscients du risque qui les entoure, tandis que leurs parents vivent dans une crainte constante.
Une maison menaçant ruine à Derb Loubila. (K. Essalak / Le360)
À chaque secousse, chaque rafale de vent un peu trop forte, la peur se cristallise. «Nous nous sommes habitués aux craquements du carrelage, à ces fissures qui se multiplient et s’allongent chaque jour un peu plus», explique un autre résident. Résultat, pour les habitants, chaque nuit est une épreuve. «Moi aussi, j’habite dans une maison sur le point de s’effondrer, souligne un autre habitant. Chaque nuit, je m’endors avec la peur que le toit s’effondre sur moi. Chaque matin, je me réveille avec un sentiment de gratitude d’avoir survécu. Mais je sais que ce n’est qu’une question de temps avant que la catastrophe ne frappe».
Le besoin d’une intervention urgente ne saurait être plus lancinant. «Nous demandons des actions concrètes pour renforcer nos maisons, pour protéger nos vies. Il est urgent de répondre à notre appel, de nous offrir la sécurité et la paix que nous méritons», plaide un autre habitant.
Alors que les jours passent, l’ombre de la catastrophe imminente s’étend sur Derb Loubila. Les appels à l’aide des habitants sont restés pour l’instant sans réponse. Ils continuent de vivre dans une peur continue, espérant qu’un jour ils pourront retrouver la quiétude de la sécurité. En attendant, chaque nuit à laquelle ils survivent a des airs de petite victoire, d’un nouveau sursis avant que le pire n’arrive.