Casablanca: vers la délocalisation de la gare routière d’Ouled Ziane?

La gare routière d’Ouled Ziane.. Le360

Face aux nombreux problèmes que connaît depuis des années la gare routière d’Ouled Ziane, à Casablanca, les élus locaux pourraient recourir à une solution aussi radicale que définitive: délocaliser la gare vers une autre zone de la ville. Détails.

Le 31/03/2023 à 12h05

Insalubrité, carences de sécurité, mauvaise gouvernance… la gare routière d’Ouled Ziane compile les problèmes depuis de nombreuses années, faisant d’elle l’un des points noirs de Casablanca. Afin de les résoudre, les élus locaux sont tentés par une solution aussi radicale que définitive: délocaliser la gare routière vers une autre zone géographique de la ville.

«L’emplacement de la gare routière d’Ouled Ziane, au cœur de Casablanca, est tout simplement inadapté et que les membres du Conseil se dirigent donc vers sa délocalisation», a déclaré à Le360 Moulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil communal de Casablanca.

Mis en service en 1999, cet imposant complexe qui concentre à lui seul 65% du flux de voyageurs du pays s’étend sur 4 hectares, avec une superficie bâtie de 7.500 m2, dont 14.500 m2 couverts, et des quais occupant 32.500 m2. Ces dimensions rendent difficile la recherche d’un nouvel emplacement proche de l’autoroute et surtout éloigné des agglomérations.

«Le terrain de l’actuelle gare routière coûte très cher. Nous pensons donc le vendre pour acquérir deux fonds de terre», a précisé le responsable local, annonçant ainsi l’intention de la commune de remplacer la gare d’Ouled Ziane par deux nouvelles gares routières à construire, une première dans le nord de la ville, et une seconde dans sa zone sud.

Cette option a été critiquée par les professionnels du transport, qui estiment que la délocalisation de la gare pourrait avoir des répercussions négatives sur la mobilité des citoyens et, partant, sur leur activité. «L’emplacement actuel de la gare sur l’Avenue Ouled Ziane est parfait: il est proche de tous les autres moyens de transport, et surtout de l’autoroute urbaine», explique à Le360 Abdelali El Khafi, secrétaire national des Autocars de transport des passagers au Maroc.

Pour le représentant des transporteurs, le Conseil de la ville préfère compliqué quand elle peut faire simple: «Au lieu de délocaliser la gare routière d’Ouled Ziane pour en construire deux nouvelles, il suffit de la réhabiliter et d’y instaurer de l’ordre. Et si nécessaire, il est possible de construire deux annexes au nord et au sud de la ville pour réduire la pression sur la gare actuelle», explique-t-il. Et d’ajouter: «Les deux ne coûteront pratiquement rien par rapport aux investissements que nécessitera le déplacement de la gare, étant donné qu’elles auront une capacité limitée à deux ou trois autocars».

Rappelons qu’une série de réunions ont eu lieu dernièrement entre les représentants de la Commune de Casablanca et les professionnels du transport au niveau de la gare d’Ouled Ziane. «Il a été question pour les élus d’échanger avec les professionnels du transport des différents dysfonctionnements que connaît la gare», précise Moulay Ahmed Afilal.

Ce responsable communal a constaté, après avoir effectué une visite du terrain, que l’état des lieux est «tout simplement déplorable. La quasi-totalité des équipements de la gare est détériorée, les bancs sont couverts d’immondices et les allées sont jonchées de déchets». Cette gare souffre aussi de problèmes d’insécurité, dus notamment à un système d’éclairage défaillant et dans un état de délabrement avancé, note cet interlocuteur, avant de poursuivre : «la Commune réservera un important budget à la réhabilitation de la gare, impliquant l’aménagement d’une nouvelle voie d’accès et la mise en place d’un nouveau système d’éclairage».

La question s’impose: à quoi bon réhabiliter une bâtisse vouée à la démolition? Quelle qu’en soit la réponse, le Conseil de la ville devra trouver un équilibre entre les avantages du déplacement de l’actuelle gare routière et les désagréments qu’il pourra causer aux professionnels du transport et aux usagers. Car il va de soi que l’adhésion de ces derniers reste le principal gage de réussite d’un chantier aussi coûteux.

Par Younes Saoury
Le 31/03/2023 à 12h05