Ces Marocains qui font une croix sur l'islam

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Revue de presseCes marocains musulmans qui décident d'épouser une autre religion, en l'occurrence le christianisme, interpellent les médias depuis un certain temps. La question revient hanter les Une de la presse nationale de ce week-end, tant elle prend de l'ampleur et surprend.

Le 21/09/2013 à 00h06

Akhbar Al Yaoum, daté de ce samedi 21 septembre, réserve tout un dossier à la question de la conversion au christianisme au Maroc, phénomène nouveau et qui, pourtant, prend une ampleur inattendue. Le quotidien évoque ainsi ces marocains qui choisissent librement d'embrasser le christianisme, mais se voient contraints de cacher leur choix confessionnel et de vivre leur foi dans le plus grand secret, n'étant pas habilités à pratiquer leur foi au vu et su de tous. Le journal souligne en effet la gêne et la crainte que ressentent ces convertis nés musulmans à pratiquer leur culte au grand jour. Crainte bien légitime, car si "certains jouent la carte de la prudence et vivent dans l’anonymat total, d'autres font les frais de leur franchise et subissent les désagréments qui en découlent, affrontent l’indignation de leur voisinage, se font chasser et déshériter par leur famille et, dans certain cas, incarcérer pour atteinte à la foi islamique", affirme encore Akhbar Al Yaoum.

8.000 chrétiens se cachent au Maroc

Le dossier d’Akhbar Al Yaoum fournit également quelques données chiffrées quant au nombre de conversions au christianisme dans le pays : "un rapport réalisé par un cabinet d’étude américain, en collaboration avec le consulat des Etats-Unis au Maroc, fait état d’environ 8.000 convertis au christianisme au Maroc en 2012. Un autre rapport réalisé par le département américain des Affaires étrangères parle de 500 pratiquants, alors que les hommes d’église, au Maroc, font grimper ce chiffre à 25.000". Le chiffre le plus marquant reste celui de la proportion des "amazighes qui sont au moins 4.000 à s’être convertis à la religion chrétienne". A ce propos, le quotidien cite le chercheur et militant amazigh Ahmad Assid qui parle de "l’importance que joue l’ignorance quant aux fondamentaux de l’islam dans la reconversion de plusieurs marocains". Et Ahmad Assid d'ajouter que "l’état a son rôle à jouer pour pallier à ce manque d’informations et protéger les marocains contre les missionnaires".

Par-delà l'engouement souvent par trop démagogique des médias, cette nouvelle réalité sociale ne manque pas, surtout, d'interpeller tout un chacun. L'image de la religion musulmane est certes, aujourd'hui, profondément ébranlée par la récupération qui en est faite de groupuscules et courants fanatiques incendiant actuellement la scène sociale et politique de nombre de pays musulmans et arabo-musulmans qui, d'ailleurs, comprennent parmi leurs citoyens des communautés pratiquant d'autres confessions que l'islam et complètement ignorées dans ces houles intestines, quand elles n'en font pas les frais. Et nul doute qu'il faudra peut-être enfin, pour en finir avec ces polémiques, que chacun prenne véritablement au sérieux le droit fondamental à la liberté et à la dignité.

Par Le360
Le 21/09/2013 à 00h06