La BNPJ enquête sur la plus grande opération de chantage, de dénigrement et d’atteinte à la vie privée commise contre des artistes célèbres, des hommes d’affaires, des investisseurs et des avocats. Les auteurs de cette escroquerie «2.0» par excellence ne sont autres que les responsables d’une célèbre page sur les réseaux sociaux. Selon certains militants des droits de l’Homme, le fait que la BNPJ de Casablanca soit chargée de cette enquête, sur instructions du procureur général du roi de Marrakech et sous la supervision personnelle du président du parquet, démontre que l’affaire a d’importantes ramifications.
En tout cas, les victimes, qui sont nombreuses et originaires de plusieurs villes du Maroc, ont accusé les appareils de police de Marrakech de passivité complice. Certaines sources parlent même d’infiltration de leurs services, puisque ces derniers auraient classé dans les tiroirs de l’oubli plus de 60 plaintes déposées en l’espace de deux ans. L’affaire a pris une telle ampleur qu’une personnalité marrakchie très connue a menacé de s’immoler dans le siège de la Wilaya de sûreté de Marrakech, après la publication sur la page incriminée de photos compromettantes de sa femme.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du samedi 27 juillet, que ce scandale a fait réagir le Centre national des droits de l’Homme (CNDH) dont le président, Mohamed Madimi, a déposé une plainte directe auprès du président du ministère public, Mohamed Abdennabaoui. Et pour cause. Les responsables de ladite page électronique se sont attaqués à plusieurs avocats de cette association, dont deux bâtonniers. Les mis en cause ont publié leurs photos et celles de leurs familles en les légendant avec de graves accusations.
La BNPJ a entamé ses investigations en entendant le président du CNDH, qui a présenté des documents et des CD comportant des vidéos et des photos de plusieurs victimes publiées par la page précitée. Huit de ces victimes sont originaires de Rabat, Casablanca, Marrakech et Agadir. Parmi elles, des femmes mariées victimes de dénigrement et de chantage seront entendues incessamment par cette Brigade.
Selon certaines sources, les responsables de cette page électronique ont ramassé beaucoup d’argent en faisant chanter leurs victimes, parmi lesquelles se trouvent des artistes célèbres et des personnalités connues à Marrakech. ces gens ont tous vécu l’enfer puisqu’un homme a failli tuer sa femme après la publication de plusieurs détails sur sa vie privée. Les suspects ont utilisé des techniques sophistiquées pour pirater les données des téléphones portables sans attirer l’attention de leurs propriétaires.
Cette page a été créée après la faillite d’une société à Rabat détenue par deux jeunes qui ont décidé de retourner à leur ville natale, Marrakech. Suite à un différend entre les deux compères, l’un d’eux a exploité le surnom de la petite amie de son rival pour créer cette page afin de faire chanter les artistes et les célébrités marocaines. Une célèbre artiste casablancaise, qui vit dans un pays du Golfe, a été contrainte de céder au chantage. Elle a fait appel à son frère pour remettre aux suspects une importante somme d’argent afin qu’ils cessent de la cibler.
Le nombre des collaborateurs de cette page a augmenté avec le recrutement de danseuses et de filles de joie dirigées par une marrakchie pour escroquer des artistes, des hommes d’affaires et des touristes du Golfe à Marrakech et dans d’autres villes. La force de frappe de la page est devenue si destructrice que le propriétaire d’une boîte de nuit, originaire du Moyen Orient, a fait appel à ces maîtres-chanteurs pour s’en prendre à son concurrent et publier des vidéos compromettantes sur son établissement.
L’affaire ne s’est pas arrêtée là, puisque les suspects ont publié des photos privées de sa famille pour l’obliger à payer une somme de 1.200.000 dirhams. Le directeur d’un grand palace d’Agadir n’a pas non plus échappé au chantage quand ils ont piraté le téléphone portable de sa maîtresse et ont publié des photos embarrassantes. Le pauvre directeur de l’hôtel a été licencié après trente de service et a été contraint de se présenter devant le tribunal de la famille, car sa femme a demandé le divorce.