"C'est un moyen de transport pratique et éco-friendly!", lance Aziz, la quarantaine, qui sillonne en vélo électrique les rues de cette petite commune familièrement surnommée "Chaouen".
Agent municipal, il utilise depuis quelques mois ce vélo prêté par la ville pour "inspecter les chantiers en cours".
"Ça respecte l'environnement et ça nous permet de nous déplacer facilement sans passer par des modes de transport polluants", se félicite Aziz, gilet de sécurité fluorescent et casque vissé sur la tête.
L'initiative s'inscrit dans un vaste programme lancé par cette ville touristique de 45.000 habitants, prisée par les visiteurs étrangers pour ses maisons pittoresques aux mille et une nuances de bleu.
"En avril 2010, le Conseil municipal a voté à l'unanimité une décision visant à faire de Chaouen une ville écologique et durable", explique Mohamed Sefiani, le maire de la ville qui souligne "l'engagement politique local" et "les actions concrètes".
"Chefchaouen n'est pas encore une ville écologique, mais elle a la volonté de le devenir. Nous sommes en phase de transition. Au niveau marocain et africain, nous sommes très avancés dans ce domaine", poursuit cet homme souriant et énergique.
Sur les hauteurs de la ville, une piscine municipale fraîchement inaugurée a été équipée d'installations solaires. À proximité se trouve un "centre de l'écologie", construit à partir de conteneurs recyclés, où sont pilotés les projets "verts" de Chefchaouen, financés principalement par l'Union européenne.
"C'est à la demande de la ville que nous sommes venus ici pour appuyer sa transition énergétique et climatique", explique Virginie Guy, coordinatrice du projet pour le Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (GERES), une ONG française.
Parmi les initiatives, un centre "info-énergie" sensibilise les consommateurs aux économies d'énergie, des plaques photovoltaïques contribuent à la production d'électricité sur quelques sites, comme la bibliothèque municipale, et un musée tourné vers l'environnement est en phase d'achèvement.
Dans le centre "info-énergie", situé dans une ruelle animée de la ville, Houda Hadji explique aux visiteurs les bases de l'écoconstruction, l'efficacité énergétique, les avantages des ampoules à économie d'énergie... "Il y a un vrai engouement", se réjouit la jeune conseillère.
"C'est la première initiative au Maroc qui travaille sur la mise à niveau énergétique dans les bâtiments, qui informe sur les gestes économes, en ciblant particuliers et entreprises", souligne-t-elle, la chevelure dissimulée sous un élégant voile.
Chefchaouen est une des douze localités du sud de la Méditerranée à avoir bénéficié d'un programme européen qui l'a dotée d'environ 10 millions de dirhams (environ 900.000 euros) et déclarée "commune modèle et initiatrice d'un changement citoyen en matière de gestion énergétique durable".
Mais tous les indicateurs ne sont pas au vert dans la petite ville bleue.
"La décharge publique ne respecte pas les normes", concède le maire. "Nous travaillons sur la réalisation d'un centre d'enfouissement et de valorisation", dit-il. "Je pense que d'ici 2021, nous aurons réglé tous les points noirs."
Mosquées "vertes", parcs solaires et éoliens, bus électriques, interdiction des sacs plastiques... Le royaume a récemment lancé plusieurs projets respectueux de l'environnement et met régulièrement en avant sa stratégie volontariste en matière d'énergies "vertes", sous l'impulsion du roi Mohammed VI.
Le Maroc a accueilli en novembre 2016 à Marrakech (sud) la 22e Conférence mondiale sur le climat et mis en place un ambitieux plan de développement des énergies renouvelables.
Dans ce pays dépourvu d'hydrocarbures, l'objectif est de porter d'ici 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à 52%.
Projet phare de cette stratégie, le complexe Noor, l'une des plus grandes centrales solaires au monde, a été inauguré en février 2016 à 20 km de Ouarzazate, aux portes du désert.
Mais des problèmes restent à régler: la pollution atmosphérique atteint des pics "alarmants" dans les grandes agglomérations, selon un récent rapport de la Banque mondiale relayé par la presse locale.
Et nombre de projets écologiques annoncés en grande pompe dans la foulée de la COP22 n'ont jamais dépassé le stade déclaratif.