Péril en la demeure. L’Assurance maladie obligatoire (AMO) des fonctionnaires est menacée par la crise que traverse la CNOPS. Abdelaziz Adnane, Directeur général de la caisse, a parlé, lundi dernier, lors du Conseil d’administration, d’hémorragie financière. Mais le département de tutelle, saisi il y a plus d’un an, tarde encore à réagir. Assabah se penche ainsi sur cet épineux problème dans son édition du 16 juin courant.Droit dans le murLe quotidien rapporte en effet les propos d’Abdelaziz Adnane qui a affirmé aux membres du Conseil qu’au vu de l’état actuel des choses, la CNOPS court au suicide: les prémices d’une crise durable sont là, a-t-il encore souligné, et les facteurs d’effondrement de l’AMO réunis. En effet, le rythme des dépenses ne cesse de s’accélérer, alors que les cotisations stagnent à moins de 400 DH. Le directeur de la CNOPS a affirmé que l’achat de médicaments s’accaparait 33% des dépenses à fin décembre 2014, après la faillite des centrales d’achat de la caisse. Du coup, explique Assabah, la CNOPS est obligée d’acquérir les médicaments à des prix élevés lorsqu’elle parvenait, auparavant, à obtenir des prix préférentiels après négociations avec les laboratoires pharmaceutiques.
Mesures de sortie de crisePour sortir de l’impasse, la CNOPS propose d’intéresser ces derniers grâce à une marge plus grande, en révisant les prix des médicaments, surtout ceux relatifs aux maladies chroniques et coûteuses. Le Conseil d’administration de la CNOPS a également suggéré l’abandon des organismes d’autorisation de la vente des médicaments (AMM), commission chargée de fixer la liste des médicaments remboursables, et d’adapter le panier des soins à la liste des médicaments obligatoires telle que fixée par l’OMS, écrit Assabah.
Ce tableau bien terne risque de s’assombrir davantage au cours des prochaines années. La CNOPS prévoit en effet un accroissement des dépenses lié non seulement à la consommation de médicaments mais, aussi, à plusieurs mesures prises par l’Etat, comme la révision du barème de remboursement des soins dentaires. Autre fait marquant signalé par la CNOPS, la réduction substantielle des frais de soins à l’étranger, passés de 60% il y a quelques années à 0,8% seulement, soit une baisse près de 30 MDH. Cette enveloppe représente les soins reçus à l’étranger par les cadres de la Fondation Hassan II pour les MRE, au moment où la liste des maladies pouvant être prises en charge à l’étranger n’a toujours pas été établie.
La CNOPS, qui a accueilli en son sein plusieurs caisses d’établissements publics comme l’ONCF, semble avoir été mal préparée à ce changement de cap. Le législateur, en voulant faire vite, a bâclé une réforme qui accouche aujourd’hui d’une crise structurelle.