Covid-19: un nouveau protocole de soins qui fait polémique

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Revue de presseKiosque360. Le ministère de la Santé a adopté un nouveau protocole de soins consistant en un dépistage massif à l'aide de tests sérologiques. Pour les praticiens, cela entraînera un retard de diagnostic et donc de prise en charge et, in fine, l'explosion du nombre de cas critiques.

Le 16/08/2020 à 20h54

Le ministère de la Santé a instauré, à travers une circulaire adressée à ses directions régionales, un nouveau protocole de soins. Ce nouveau dispositif curatif est basé sur l'implication des centres de santé de proximité, qui sont autorisés à effectuer des tests sérologiques. Une méthode largement contestée par les praticiens et autres associations professionnelles en raison, justement, du recours aux tests sérologiques et à la mobilisation des centres de soins de quartier, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 17 août. 

D'après le quotidien, la mise en œuvre de la circulaire ministérielle vise le renforcement des mécanismes de dépistage rapide et de prise en charge des personnes infectées dans les centres de santé. Cette opération, qui s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le ministère pour faire face à l'épidémie Covid-19 et accompagner la levée progressive du confinement sanitaire, a ainsi pour objectif d'augmenter la cadence du dépistage du plus grand nombre de cas et de prendre en charge les cas suspects, conformément aux normes scientifiques et au protocole de traitement en vigueur.

Les centres de santé commenceront à mettre en œuvre cette opération et à effectuer des tests rapides sur la population à risque, ainsi que sur les cas orientés par les médecins du secteur privé et les pharmaciens, ou ceux diagnostiqués dans les mêmes centres de santé, explique le quotidien.

Concrètement, poursuit Al Akhbar, si le test rapide est positif, le patient est dirigé vers l'hôpital pour un PCR. Dans l'attente des résultats des analyses, le patient retourne à son domicile pour se confiner. Si le résultat des analyses PCR est négatif, l'équipe médicale du centre de santé, qui surveille l'état du patient, informe ce dernier du résultat et lui demande de se mettre en quarantaine, dans le cadre du respect des normes sanitaires en vigueur.

Dans le cas d'un PCR positif, l'équipe du centre de santé se rend sur le lieu de résidence de la personne affectée pour lui prodiguer des soins à domicile et assurer son suivi médical selon les procédures mises en place. Citant le ministère, le quotidien estime que le traitement à domicile des personnes contaminées, à l'exception des personnes souffrant de maladies chroniques ou de symptômes sévères, est considéré comme une procédure appropriée pour soulager la pression sur les hôpitaux. 

Cela dit, ce processus de soins a provoqué une levée de boucliers chez les praticiens, plus précisément chez les urgentistes et les spécialistes en réanimation. En effet, affirme le quotidien qui cite une association professionnelle, ces derniers craignent de voir débarquer, dans les unités de soins intensifs, davantage de cas critiques. D’autant que, estime, de son côté, l'association des médecins urgentistes également citée par Al Akhbar, ce nouveau protocole risquerait d’aggraver la situation épidémiologique du pays. 

Pour les praticiens, urgentistes comme réanimateurs, les tests sérologiques sont faits pour suivre l'évolution de l'épidémie et ne doivent en aucun cas faire partie du protocole de soins. La marge d'erreur est en effet très grande dans ce genre de tests, soulignent les praticiens. Sans compter, conclut la même source, que le retard dans le diagnostic induit automatiquement un retard dans la prise en charge des malades et donc l'explosion du nombre de cas critiques.

Par Amyne Asmlal
Le 16/08/2020 à 20h54