Il y a tout juste un mois, personne n’imaginait que le nombre de décès dus au Covid-19 allait passer du simple au double au Maroc, passant d'un total de 242 morts le 9 juillet dernier, à 401 décès hier, lundi 3 août 2020. Les autorités sont préoccupées par cette hausse soudaine des morts parmi les personnes qui ont été contaminées par le nouveau coronavirus.
«Le nombre de morts a augmenté en moins d’un mois de presque 100%», affirme, dans une déclaration pour Le360, le docteur Mouad Mrabet, coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique.
Pour ce spécialiste en médecine, cette hausse des décès s’explique avant tout par l'augmentation du nombre de cas testés positifs au Covid-19. «Il y a un lien direct entre le nombre de patients infectés et les décès recensés. Le Maroc enregistre une hausse des contaminations et les décès sont malheureusement proportionnels au nombre de patients touchés par le virus», explique-t-il.
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«Plus le nombre de cas positifs augmente, plus le nombre des cas graves s’accroît, ce qui a une incidence directe sur les décès», explique encore Mouad Mrabet.
La directrice régionale du ministère de la Santé à Casablanca, Nabila Rmili, explique la hausse des décès par le fait que les malades se rendent, en ce moment, dans les hôpitaux, après un «diagnostic tardif». Selon cette représentante du ministère de la Santé dans la métropole, «ils viennent avec des signes avancés de la maladie».
«Nous recevons actuellement 50% de malades porteurs de signes aggravés et 50% de personnes asymptomatiques», explique Nabila Rmili, qui appelle les citoyens à effectuer leur dépistage, lequel doit être «élargi» à l’ensemble des habitants.
«Nous invitons les gens à se présenter aux urgences des hôpitaux dès les premiers signes. Les tests sont gratuits et un dépistage précoce diminue le nombre des morts», conclut-elle.
Une autre source, un médecin qui a requis l’anonymat, explique la hausse des décès par le fait que nombre des patients contaminés vivent dans «des quartiers défavorisés» et, ajoute-t-il, «certains d’entre eux souffrent de maladies chroniques mal prises en charge. D’autres ont un système immunitaire faible».
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Et de préciser: «les quartiers défavorisés sont en train d’évincer les milieux professionnels, en ce sens qu’ils sont devenus d’inquiétants foyers de contamination».
Il faut dire qu’actuellement, le nombre de personnes admises dans les services de réanimation et de soins intensifs dans les hôpitaux du pays s'élève à 80 patients.
En dépit de cette hausse constatée des décès, le taux de létalité au Maroc (soit le nombre de patients décédés par rapport au total de personnes infectées), qui s’établit à 1,5%, reste l’un des plus faibles du monde.