Crise annoncée pour les primeurs dans la région de Souss-Massa

Revue de presseFragilisée par les dérèglements climatiques estivaux, la filière des légumes primeurs au Souss-Massa s’attend à une campagne hivernale difficile. Entre baisse des rendements, retrait de pesticides, inondations et risque de tensions simultanées avec l’Europe dès février, les prix devraient poursuivre leur ascension alors que le Ramadan approche. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 25/11/2025 à 18h41

À l’approche de l’hiver, les signaux d’alerte se multiplient dans la région de Souss-Massa. Les perturbations climatiques enregistrées durant l’été continuent de bouleverser le cycle des légumes primeurs et d’affaiblir des cultures déjà mises à rude épreuve. Dans son édition de ce mercredi 26 novembre, le quotidien Al Akhbar indique que les variétés résistantes aux maladies se font rares et que les ajustements entrepris par les agriculteurs ne suffisent plus à endiguer la baisse des volumes.

La révision récente des listes de pesticides autorisés au Maroc et en Europe, avec le retrait de plusieurs substances actives, complique davantage la tâche des producteurs. Sur le terrain, les premiers signes d’un recul de l’offre apparaissent clairement, relève Al Akhbar. Les piments et les tomates figurent parmi les produits les plus touchés. Les prix du poivron carré ont atteint des niveaux inédits, tandis que la tomate continue d’afficher des tarifs élevés malgré la diminution des exportations vers l’Europe.

Si le continent européen profite encore d’une production locale exceptionnellement tardive, cette situation ne durera pas. Les tensions pourraient émerger simultanément sur les marchés marocain et européen dès le mois de février, entraînant une nouvelle flambée des prix. Les inondations récentes dans la région de Dakhla n’ont fait qu’aggraver la situation, notamment pour la tomate ronde allongée, souvent utilisée comme substitut en période de pénurie.

Le Maroc n’important ni tomates ni autres légumes primeurs, la moindre perturbation de la production nationale se répercute immédiatement sur les marchés locaux. Un retour à la normale avant février semble improbable, lit-on. Or, ce mois coïncidera cette année avec le Ramadan, période de forte consommation. Les restrictions à l’export imposées en 2023 reviennent en mémoire, et la possibilité de mesures similaires en 2026 n’est pas écartée, d’autant que la Coupe d’Afrique des Nations devrait accentuer la demande.

Amin Amanallah, producteur de légumes à Agadir, confirme que les conditions climatiques estivales ont laissé des séquelles durables. Le manque de plantes résistantes, l’insuffisance des alternatives biologiques et le retrait de plusieurs produits phytosanitaires contribuent à fragiliser la filière des légumes primeurs.

Pour l’heure, l’Europe a échappé au déficit grâce à une saison atypique, mais cet équilibre pourrait se rompre brusquement. L’ensemble de ces facteurs laisse présager une campagne hivernale nettement en deçà des niveaux habituels. Les prix grimpent déjà sur le marché marocain, signe d’une pression croissante, tandis que les exportations restent faibles faute de volumes.

Face à ces alertes, la Fédération interprofessionnelle de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL) appelle toutefois à la prudence. Son président, El Hussein Dardour, rappelle que le déroulement de la saison agricole dépendra largement des conditions climatiques hivernales. De bonnes précipitations pourraient atténuer les tensions, alors qu’une vague de froid intense risquerait d’envenimer la situation. Le plus grand danger demeure toutefois la prolifération de virus dévastateurs qui, dans certaines zones, anéantissent des champs entiers en quelques jours. Une menace qui rend toute prévision incertaine, même lorsque la météo semble favorable.

Par La Rédaction
Le 25/11/2025 à 18h41