Alors que le Maroc connaît un développement constant en matière d’équipement et d’infrastructures routières, quelques zones du pays, essentiellement rurales, restent en retrait de cette évolution, comme si le temps s’y était arrêté depuis plusieurs années. C’est le cas de la commune rurale d’Aïn Tazitount, relevant de la Commune d’Imintanout, dans la province de Chichaoua.
Sur les flancs du Haut Atlas, suivant un trajet périlleux longeant des routes et des pistes parfois impraticables, Le360 est allé à la rencontre de la population des hameaux de la région, afin de recueillir la parole de citoyens se sentant «à la marge» de toute évolution ou programme de développement.
«La région est confrontée à un grand nombre de problèmes majeurs», tonne d’emblée Hassan Ouanaïm, habitant du douar Ikren, relevant de la commune rurale d’Aïn Tazitount. «Nous manquons de routes goudronnées. La mauvaise qualité de la voirie met en danger les habitants de la région ainsi que les professionnels du transport, qui prennent d’énormes risques en empruntant cette route», poursuit-il.
En plus de souffrir de l’absence d’une infrastructure routière de base, cette région se trouve également en dehors de la zone de couverture du réseau des télécommunications. «Les installations de téléphone sont tout simplement inexistantes dans la région, rendant vaine toute tentative de communiquer avec le monde extérieur», déplore cet habitant sexagénaire.
En effet, ici, impossible d’accrocher la moindre «barre» de réseau des trois opérateurs nationaux. Et il faut parcourir plusieurs kilomètres ne serait-ce que pour passer un simple appel téléphonique.
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Alors que le climat s’adoucit à l’approche du printemps, notre interlocuteur, improvisé porte-parole de la population locale, garde encore en mémoire les effets d’un hiver particulièrement rude. Il explique ainsi que la région se caractérise par des conditions géographiques et climatiques particulièrement difficiles qui, durant cette saison, isolent ces douars du monde extérieur.
«La seule voie d’accès à la région se dégrade davantage en hiver, avec l’arrivée des pluies. Résultat, les habitants se retrouvent bloqués dans le douar, au péril de leurs vies. c’est surtout le cas pour les femmes enceintes, les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques», s’alarme-t-il.
Autre problème: la seule école primaire de la région manque des installations et des équipements les plus élémentaires, comme le déplore Hassan Ouanaïm. Niché en haut d’une montagne, l’établissement scolaire ne dispose pas de barrières ni d’un gardien, «mettant en danger la vie des enfants», et reste dépourvu d’installations sanitaires et de chauffage.
En espérant que les autorités locales interviendront dans un futur proche pour améliorer leur quotidien et mettre fin à leur enclavement, la population de ces douars semble se résigner à la seule solution qu’ils voient accessible : migrer vers les villes voisines, en quête de meilleures conditions de vie.