Le comportement de certaines cliniques porte préjudice à la médecine, à la probité, à la déontologie, à l’éthique humaine et au bon sens. Dans certains cas, pour gonfler la facture, les services des urgences de ces établissements sanitaires privés accueillent le malade dans un état très critique et le transfèrent à la salle de soins intensifs et de réanimation, après avoir effectué des radios et scanners et autres. Même si ces diagnostics montraient clairement que le patient était mourant et n’avait aucune chance de vivre, les services de la clinique rassurent sa famille et s’assurent bien du montant de la facture et des chèques de garantie au nom d’un proche.
Dans son édition du vendredi 24 mai, le quotidien Assabah rapporte un cas qui interpelle à plus d’un titre. Suite à un accident de circulation, un jeune s’est retrouvé dans un état critique aux urgences de l’hôpital Moulay Abdellah de Mohammedia. Vu la gravité des blessures, les services de permanence de l’hôpital l’ont immédiatement transféré au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Avant le départ, la famille est passée à la caisse pour payer les frais de carburant. En route, «le chauffeur de l’ambulance a proposé à la famille d’emmener le jeune dans une clinique privée, leur expliquant qu’il interviendrait pour leur assurer un bon service et un prix raisonnable». «Le chauffeur de l’ambulance leur a clairement laissé entendre qu’au CHU, le patient ne serait pas pris en charge», indique le quotidien, citant un proche de ce jeune. Finalement, poursuit le quotidien, l’ambulancier a réussi à détourner le patient à la clinique.
Sur les lieux, le patient est immédiatement transféré en salle de réanimation, après négociation avec les membres de sa famille pour le montant de la facture, fixé à cinquante mille dirhams et réduit à quarante mille dirhams, précise la famille de la victime. Une fois le chèque remis à la comptabilité de la clinique, la famille est rassurée sur l’état de santé du patient, malgré les hémorragies internes et les fractures au niveau de la colonne vertébrale.
Le lendemain, la clinique appelle la famille de la victime pour l’informer que le jeune n’a aucune chance de survivre. Affolés, des membres de la famille se présentent à la clinique. Le jeune était décédé. Il a fallu régler la facture. La famille, traumatisée par la mort, s’est retrouvée dans l’incapacité de s’acquitter de ladite somme et de récupérer le cadavre de son fils pour aller l’enterrer. C’est à ce moment qu’une employée de la clinique a proposé à la famille d’«échanger» des organes du défunt tels que le cœur et les reins contre la facture. La famille a dénoncé ce chantage. Hippocrate réveille-toi, ils sont en train de marchander misérablement dans cette noble science.