La Brigade régionale de la police judiciaire a déféré la semaine dernière, devant le parquet chargé des crimes financiers près la Cour d’appel de Fès, une cheffe de service rattachée auprès de la direction régionale de l’Éducation de Nador, ainsi qu’un entrepreneur de cette région.
Les deux suspects ont été par la suite auditionnés par le juge d’instruction qui les a placés en détention préventive pour les chefs d’inculpation de «falsification», de «détournement de fonds» et «de dilapidation de deniers publics», relaie Al Akhbar de ce lundi 9 décembre.
Selon une source proche de l’enquête, ce scandale a éclaté quand un entrepreneur a adressé une plainte au ministère de l’Économie et des finances, dans laquelle il souligne avoir été victime d’un abus manifeste.
Le plaignant proteste contre la non-validation, dans les délais légaux, d’un marché qu’il avait remporté par le contrôleur de l’État exerçant à l’Académie de cette région de l’Est du Royaume.
L’enquête préliminaire a révélé que la cheffe de service retardait délibérément cette procédure, pour priver les titulaires des marchés publics de leurs dus, afin de les accorder à un entrepreneur avec lequel elle entretenait une relation amoureuse.
La mise en cause, qui a aussi exercé l’activité de surveillante générale dans un établissement du cycle secondaire de cette région, et qui avait ensuite été nommée dans des conditions suspectes à ce poste, avait profité de sa fonction pour manipuler les procédures des marchés publics, afin de servir ses propres intérêts.
Le quotidien explique que la méthode employée par la prévenue pour retarder la validation des marchés visait à relancer, à maintes reprises, les appels d’offres pour permettre à son amant de les remporter.
Cette procédure, illégale, a causé la faillite de plusieurs entreprises et retardé pendant des années l’exécution de projets prévus par l’académie, comme la construction d’écoles.
Une commission régionale, chargée d’enquêter sur de multiples plaintes par le directeur de l’académie de l’Éducation, avait pourtant relevé les nombreuses violations commises par cette cheffe de service, relaie Al Akhbar.
Les membres de cette commission ont même demandé sa révocation, mais cette recommandation est restée vaine, ce qui a entraîné des interrogations sur l’existence d’une «protection» ou de «connivences» dans cette académie avec la mise en cause.