C’est alarmant. Des dizaines de médicaments de première importance sont introuvables dans toutes les pharmacies du Royaume, menaçant la vie des malades. Ces médicaments ont subitement disparu des rayons des officines, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du jeudi 30 mai.
Cette situation est d'autant plus inquiétante, affirme le journal, qu’il s’agit de médicaments indispensables qui entrent dans le traitement de certaines maladies graves comme les cancers, les maladies cardio-vasculaires et les troubles de la thyroïde. Plus inquiétant encore, cette disparition est due, souligne le journal, aux tiraillements et aux conflits qui opposent les services de santé concernés aux laboratoires d’industrie pharmaceutique. L’absence d’une véritable politique publique des médicaments, relève le journal, n’arrange pas non plus les choses et ce sont les malades qui en paient les frais.
Concrètement, précise Al Massae, il s’agit d’une liste de 55 médicaments, des princeps, indispensables dans le traitement de certaines maladies graves comme le cancer ou les problèmes de thyroïde. La non administration aux malades de ces médicaments, introuvables en pharmacie, pourrait conduire à la mort, note le journal en précisant que ces traitements ne sont pas chers.
Citant Khalid Zouine, président du Conseil national de l'Union nationale des pharmaciens du Maroc, le quotidien affirme que cette pénurie «est due à l’absence d’une politique efficace des autorités concernées». Des conflits récurrents entre le ministère de tutelle et les laboratoires d’industrie pharmaceutique conduisent également à la rareté ou, parfois, à la rupture de certains médicaments, ce qui oblige le plus souvent les malades à faire le tour de plusieurs pharmacies, la plupart du temps en vain.
D’après ce responsable, certains médicaments de première importance sont en rupture de stock. Pour d’autres, les pharmacies ne reçoivent que des quantités limitées et donc insuffisantes pour faire face à la demande. D’autre encore sont disponibles l’espace d’un mois, avant de disparaître durant des mois. Tout cela, explique-t-il, est causé par deux facteurs. D’abord, l’offre des médicaments sur le marché mondial; ensuite, l’absence d’une véritable politique publique en la matière, surtout en termes d’approvisionnement.
Par ailleurs, rappelle le journal, dans le cadre de sa politique relative aux médicaments, le ministère de la Santé a décidé de baisser les prix de 319 types de médicaments, en supprimant notamment la TVA. Cette décision aurait poussé, d’après le journal, le lobby de l’industrie pharmaceutique à brandir la menace de retirer du marché certains médicaments indispensables, mais non rentables en raison de leur prix relativement bas.