Éducation des personnes en situation de handicap: le diagnostic poignant du Conseil de Azziman

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Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a présenté, jeudi à Rabat, un projet d'avis sur l'éducation des personnes en situation de handicap. Et le moins que l'on puisse dire, est que cet avis est accablant.

Le 23/05/2019 à 16h04

Présenté par Abdelrhafor ElAllame, membre de la commission permanente des curricula, programmes, formations et outils didactiques, lors d'une rencontre d'information, organisée sous le thème "Education des personnes en situation de handicap: vers une éducation inclusive, équitable et efficiente", l'avis vise à identifier des dysfonctionnements et des difficultés, d'élaborer des recommandations pour la consolidation et le renforcement d'une éducation équitable et de qualité pour les personnes en situation de handicap, de contribuer au changement des représentations sociales négatives et de promouvoir une culture de pilotage et de conduite de changement dans le système d’éducation.

Le diagnostic établi a relevé que malgré les efforts déployés par les différents secteurs, les personnes en situation de handicap bénéficient moins des services d'éducation et de formation, une double discrimination existe à l’égard des personnes en situation de handicap notamment des obstacles généraux liés à la scolarisation (tels que les problèmes rencontrés par les enfants en milieu rural, les problèmes de scolarisation des filles, etc.), des difficultés particulières liées au handicap (perceptions sociales, accessibilité et faible niveau de formation des ressources humaines ...).

Il a été constaté que des disparités existent au sein du groupe de personnes en situation de handicap en fonction du type et du statut du handicap (les enfants ayant une déficience motrice ont plus de chances de fréquenter l'école / les enfants atteints d'autisme ou de déficiences mentales sont inscrits dans des centres spécialisés), une offre éducative limitée et la privation de la grande majorité de l'accès à l'éducation, tous niveaux confondus (préscolaire, scolaire, supérieur, formation professionnelle, etc.).

Il en ressort également un bilan insuffisant des classes d’intégration scolaire, une faible qualité de l'enseignement destiné aux apprenants en raison notamment de l’inertie et la fermeture des structures d’apprentissage (manque de mobilité entre les centres spécialisés et les classes ordinaires ou intégrées), de la faible adéquation des espaces et des structures d'apprentissage, des curricula et des programmes et insuffisance de l'adaptation pédagogique et de la formation des acteurs éducatifs.

Le projet d'avis pointe des difficultés en matière d’institutionnalisation des parcours d’études, l’absence de soutien individuel et éducatif pour les personnes en situation de handicap, et absence de structures de soutien à l’apprentissage (internats) et le manque de coordination entre les personnes intervenant dans l'éducation et la formation des personnes en situation de handicap, et au sein même des mécanismes chargés de leur scolarisation, ainsi qu'une absence d’une approche institutionnelle et socio-éducative nationale dans le domaine de l’éducation des personnes en situation de handicap, outre une absence d’homogénéité des curricula d'enseignement en place.

L'avis met aussi en avant une insuffisance des fonds alloués aux associations œuvrant dans l’éducation et la formation des personnes en situation de handicap et des offres limitées d'opportunités d'emploi, de promotion sociale et de stabilité professionnelle (près de la moitié des personnes employées doivent changer de spécialisation professionnelle ou de lieu de travail en raison de l’inadéquation des conditions de travail : accessibilité, manque d’équipement adéquat .... ).

S’agissant de l'accessibilité à la scolarisation et à la formation des personnes en situation de handicap en 2014, il en ressort que 66,1% des personnes en situation de handicap sont non scolarisées, 66,6% de cette catégorie sont des filles, 50,6% se situent dans le milieu urbain et 49,4 % dans le milieu rural.

Élaboré par la Commission permanente des curricula, programmes, formations et outils didactiques avec la participation et l'appui scientifique du Pôle études, recherches et appui aux instances du Conseil, l'avis s'inscrit dans le cadre du plan d’action 2018-2019 du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique.

Le 23/05/2019 à 16h04