Cette étude, publiée tous les trois ans, qui évalue depuis 2000 les compétences en sciences, en mathématiques et en compréhension de l'écrit des élèves de 15 ans, est devenue une référence mondiale, très scrutée par les gouvernements. Les exercices ont été soumis en mai 2018 à 600.000 jeunes de 79 pays et territoires, échantillon représentant 32 millions d'élèves.
Plusieurs pays asiatiques figurent parmi les meilleurs élèves en lecture, sujet le plus développé dans cette édition, mais aussi en sciences et en mathématiques. Quatre métropoles et provinces chinoises (Pékin, Shanghai, Jiangsu, Zhejiang) arrivent en tête du classement, suivis par Singapour, Macao (Chine), Hong-Kong (Chine), l'Estonie et le Canada.
"Dans de nombreux pays asiatiques, l'éducation des enfants est la priorité numéro 1, les enseignants suivent des formations de qualité et on décide d'investir dans les établissements en difficulté", explique Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.
En Corée du Sud, également bien classée, "les enseignants sont très valorisés dans la société et leurs salaires y sont très attractifs", poursuit-il. Un élève sur quatre dans les pays de l'OCDE ne parvient pas à effectuer les tâches les plus simples en compréhension de l'écrit, ce qui signifie qu'il aura probablement du mal à réussir dans un monde de plus en plus instable et numérique, met en garde l'organisation.
Par rapport à la dernière édition, certains pays ont beaucoup progressé, comme l'Estonie, la Pologne ou le Portugal, où un effort particulier a été fait sur la formation des enseignants et la revalorisation du métier, selon l'OCDE.
La France se situe, elle, légèrement au-dessus de la moyenne des pays riches. "Contrairement à ce qu'on entend souvent, le score de la France n'est pas catastrophique", souligne Eric Charbonnier. Elle fait globalement aussi bien que l'Allemagne, la Belgique ou le Portugal, mais moins bien que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni et beaucoup moins bien que l'Estonie, la Pologne ou l'Irlande.
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"Elle occupe une place honorable mais conserve un gros point noir: les inégalités sociales y restent très fortes", insiste Eric Charbonnier. Depuis la dernière enquête Pisa, qui mettait l'accent sur la lecture en 2009, "elles ne se sont pas aggravées mais leur niveau est toujours très inquiétant", souligne-t-il.
Ainsi, environ 20% des élèves favorisés (appartenant au quart supérieur de l'indice Pisa du statut économique, social et culturel), mais seulement 2% des élèves défavorisés, sont parmi les élèves très performants en compréhension de l'écrit, contre seulement 17% et 3% en moyenne dans les pays de l'OCDE. "Les élèves défavorisés sont surreprésentés parmi les élèves en difficulté", résume Pauline Givord, analyste à l'OCDE.
Les performances en mathématiques et en sciences sont également fortement corrélées avec le statut socio-économique. Par ailleurs en France, un élève défavorisé sur cinq ayant de bons résultats ne prévoit pas de terminer ses études supérieures, alors que cette proportion est très faible parmi les élèves favorisés.
Seuls quelques pays sont plus "inégalitaires" que la France: Israël, le Luxembourg ou la Hongrie. "Notre système d'éducation n'a pas agi assez vite sur les leviers qui permettent de réduire les inégalités" en investissant sur les enseignants, les petites classes ou les établissements défavorisés, conclut M. Charbonnier. "Contrairement à l'Allemagne, la France a mis du temps à réagir", estime-t-il.
Depuis 2012, la France a décidé de mettre l'accent sur l'école primaire ou sur les écoles des quartiers défavorisés, en y réduisant les effectifs des classes de CP, CE1 et bientôt grandes sections de maternelle. "Il faut espérer que les mesures prises vont porter leurs fruits et seront peut-être visibles dans l'étude Pisa en 2027", relève Eric Charbonnier.
En attendant, l'OCDE recommande une réflexion plus globale sur le métier d'enseignants, ou sur les filières professionnelles qui sont encore choisies en France "par défaut", et où se concentrent un grand nombre d'élèves défavorisés.