Éducation nationale: ce que gagnent vraiment les enseignants (Infographies)

Un enseignant dans une école publique. (Photo d'illustration). DR

Sous-payés, les enseignants et cadres pédagogiques? La réponse est oui et non à la fois, selon leurs missions et les échelles et grades auxquels ils pointent. Voici ce qu’il en est après la revalorisation quasi généralisée des salaires, décidée par le gouvernement en 2023 avec l’adoption d’un statut spécial unifié.

Le 28/10/2023 à 09h44

Le département de Chakib Benmoussa, ministère qui chapeaute à la fois l’Éducation nationale, le Préscolaire et les Sports, est le premier employeur public du Maroc. Selon les statistiques les plus récentes, soit celles de l’année en cours, ce département emploie en effet près de 211.000 fonctionnaires, soit 37,3% du total des effectifs de la fonction publique civile.

Et cela pèse aussi sur le budget général de l’État, avec une masse salariale avoisinant les 41 milliards de dirhams (soit 37,5% de la masse salariale du secteur public), rubrique qui a explosé ces dernières années avec l’incorporation de quelque 140.000 «contractuels», devenus cadres des Académies régionales (AREF).

Pour le salaire mensuel moyen, les enseignants arrivent en cinquième position parmi les différentes catégories de fonctionnaires civils, avec une moyenne de 8.288 dirhams nets, sachant que la moyenne nationale est de 8.561 dirhams.

Smicards et hors échelle

Pour un enseignant débutant, le salaire mensuel net est de 5.400 dirhams. Pas assez? «À ma sortie du CPR en 1993, j’avais un salaire de 2.200 dirhams exactement, et il fallait vivre avec dans un patelin perdu du côté de Zagora. En journée, nous nous battions pour apprendre aux élèves, la nuit nous menions un autre âpre combat contre les scorpions et autres nuisibles», se souvient un cadre du ministère de l’Éducation nationale (MEN), trente ans de carrière au compteur, qui fait partie de cette génération qui faisait fonctionner les engrenages du «défunt» ascenseur social qu’on appelait «École». En trente ans donc, le salaire d’un instituteur de base a plus que doublé. Presque autant que le coût de la vie.

Cependant, très peu sont d’enseignants gardent longtemps ce salaire de débutant. Après force sacrifices et beaucoup d’abnégation, un enseignant peut améliorer sa situation financière, et de manière très significative. Ainsi, un enseignant qui réussit sa conversion pour devenir inspecteur peut voir son salaire net atteindre les 15.397,90 dirhams par mois.

Pour celles et ceux qui optent pour une fin de carrière dans l’administratif, sachez que le directeur d’une école primaire peut prétendre à un salaire mensuel net de 12.575,48 dirhams, voire 13.211,60 DH pour un directeur de lycée.

Autrefois, ce type de postes administratifs (directeurs, surveillants généraux…) pouvait même donner droit à un logement de fonction, généralement jouxtant l’établissement scolaire. Sauf que ce n’est plus automatiquement le cas de nos jours.

Les as du MEN

Les autres catégories les mieux payées au sein du MEN se trouvent dans les fonctions du Conseil pédagogique et d’orientation. Cette frange de fonctionnaires peut voir son traitement mensuel dépasser les 13.000 dirhams. Et il y a encore mieux: le cas des enseignants qui ont pris sur leur temps (et souvent sur leur santé) pour obtenir une agrégation. Selon les grades et les échelons, des enseignants agrégés dispensant des cours dans des lycées sont payés entre 9.000 et près de 15.000 dirhams par mois.

Ceux qui font encore mieux en tant qu’agrégés, et qui réussissent à se tailler une place dans les «classes prépa» ou dans les centres de formation peuvent prétendre à des salaires variant entre 10.400 et près de 16.000 dirhams.

«Les agrégés sont bien payés et peuvent même faire fortune s’ils sont habilités à enseigner dans les classes préparatoires, car cela leur ouvre aussi les portes des classes préparatoires du secteur privé», nous confie un professeur de mathématiques qui partage son temps entre une école publique et plusieurs établissements du secteur privé à Casablanca.

Par Mohammed Boudarham et Youssef El Harrak
Le 28/10/2023 à 09h44