"La plus grande, la plus dangereuse et la plus rusée des malfaitrices". C’est ainsi que ses victimes décrivent cette femme casablancaise originaire de Doukkala et âgée d’une quarantaine d'années. Ladite "malfaitrice" a comparu pour la première fois devant le tribunal d’Agadir lundi 21 juin. Motif: escroquerie, à Casablanca, de centaines de citoyens qui aspiraient à rejoindre l’armée américaine. L'arnaqueuse a été arrêtée à Agadir, où elle se réfugiait depuis un an et demi, rapporte Al Ahdat Al Maghribiya dans son édition du vendredi 26 juin.
Un fait rare a ainsi eu lieu au tribunal de première instance d’Agadir: une femme s'est retrouvée dans le box des accusés avec, face à elle, deux policiers et... 28 plaignants! Des hommes victimes d’escroqueries qui valent leur pesant d'or. Chacun d'entre eux a en effet déboursé entre 120.000 et 500.000 dirhams. La criminelle prétendait être en relation avec des personnes infiltrées dans l’appareil décisionnel de l’armée américaine. Elle promettait ainsi à ses proies une carte de soldat réserviste, en plus d’un salaire mensuel et d'une retraite confortable, sans parler d'un droit de résidence illimité au pays de l’oncle Sam. Et, avant le prétendu grand voyage, les victimes recevaient ce qu'elles voyaient comme des garanties: attestation de travail, visa, grade et montant du salaire prévu...
La désillusion fut rude pour ces ex futurs soldats qui ont déposé plainte, dès qu’ils se sont aperçus de l’escroquerie, auprès des services de sécurité de Ain Sbaa où leur requête n’a cependant pas été prise au sérieux. Ils ne se laisseront pas décourager pour autant et finiront par apprendre que l'arnaqueuse avait posé ses valises à Agadir. Ils se sont alors rendus dans la capitale du Souss pour déposer une nouvelle plainte auprès des services de la police judiciaire.
La police a réussi à localiser l'accusée, arrêtée après une descente à son domicile où les forces de l'ordre ont découvert un bric-à-brac de faux documents: faux passeports, timbres, insignes appartenant aux forces armées américaines, papiers administratifs américains et marocains, ainsi que d’importantes sommes d’argent. La femme est finalement passée aux aveux et a notamment déclaré avoir été aidée de quatre personnes, actuellement recherchées par la police.