Emprisonnée 13 mois à tort, elle risque de faire tomber des têtes

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Revue de presseKiosque360. Un juge de la Cour d’appel de Casablanca est au centre d’une enquête ordonnée par le ministère de la Justice pour avoir maintenu une femme en détention treize mois, alors que les charges étaient délictueuses.

Le 24/04/2015 à 22h05

La Cour d’appel de Casablanca a été ébranlée cette semaine par une affaire révélée par une commission d’inspection du ministère de la Justice et des Libertés. Assabah révèle au cœur de sa Une de ce week-end (25-26 avril) qu’une accusée a été emprisonnée indûment treize mois à la prison d’Oukacha pour débauche. Poursuivie pour relations sexuelles hors mariage, l’accusée aurait normalement dû être poursuivie en état de liberté provisoire. Or, elle a passé treize mois derrière les barreaux, dix en attendant que son procès soit ouvert et trois après son entame. Le plus étrange, souligne Assabah, c’est que le président de la cour a maintenu les prévenus en prison après dix mois de détention. Le verdict ne sera prononcé que trois mois plus tard, sans que l’un des prévenus ne soit libéré. L’accusée est condamnée à deux mois de prison ferme. Cependant, la cour réalise que celle-ci a passé déjà treize mois en prison. Presque une année sans motif valable! L’information se répand dès lors comme une trainée de poudre au sein de la Cour d’appel avant d’arriver au ministère de tutelle qui dépêche une commission d’inspection, écrit Assabah.

Réponses évasivesLadite demande des explications au juge d’instruction et au président de la Cour a reçu des réponses évasives. Assabah souligne que l’un d’eux a avoué ne pas savoir que la prévenue était en prison toute cette période! Arrêtée en compagnie d’un chauffeur de taxi à Ain Diab en flagrant délit, la suspecte a été emmenée au poste de police où les policiers trouvent sur elle un faux billet de 200 DH. La PJ diligente alors une enquête pour savoir qui est le propriétaire du billet. Acculée dos au mur, la prévenue avouera que c’est le chauffeur de taxi qui le lui avait donné en échange d’un moment intime. Ce dernier réfute les accusations et affirme que deux subsahariennes lui ont donné les 200 DH. Une fois l’enquête de police terminée, le chauffeur a été poursuivi par le Parquet général pour débauche et contrefaçon de billets de banque, tandis que sa dulcinée fut accusée de prostitution. Le juge d’instruction décide de les écrouer. Au terme de sa mission, la commission d’inspection a envoyé un rapport au ministre de tutelle qui pourrait saisir le Conseil disciplinaire. Affaire à suivre!

Par Amine Haddadi
Le 24/04/2015 à 22h05