ENCG de Casablanca: des enseignants dénoncent l’existence d’un PV falsifié

L'Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Casablanca.

Porte d'entrée de l'École nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Casablanca, relevant de l'université Hassan II.. DR

Revue de presseUn faux PV, supposément adopté suite à une réunion urgente du conseil d’établissement de l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG), porte sur la validation de 16 projets de masters. Les enseignants dénoncent ce qu’ils qualifient de «scandale» auprès de la présidence de l’université, ainsi que du ministère de l’Enseignement supérieur. Une revue de presse d’Al Akhbar.

Le 03/04/2024 à 21h58

À l’ENCG de Casablanca, qui dépend de l’université Hassan II, des enseignants, membres du conseil de cet établissement d’enseignement supérieur, contestent «le tripatouillage et la falsification de PV portant sur des projets d’adoption de filières de masters», annonce Al Akhbar de ce jeudi 4 avril 2024.

Un courrier a donc été adressé, par un huissier de justice, à la présidence de l’université Hassan II, et Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, a reçu une lettre de dénonciation, de même que l’inspecteur général de ce ministère.

L’équipe pédagogique s’est également adressée à l’Agence nationale d’évaluation et d’assurance-qualité de l’enseignement supérieur, un organisme chargé de l’homologation de ces filières, précise le quotidien.

Ce n’est pas la première fois, affirment les membres du conseil d’établissement de l’ENCG, que des PV de ce type se retrouvent à être falsifiés sur ces quatre dernières années, ce qui a pu induire en erreur les enseignants et le personnel pédagogique et administratif de l’école, de même que le ministère de l’Enseignement supérieur.

Selon cette équipe, le but de ces falsifications qu’ils dénoncent est de «camoufler des écarts de gestion pédagogique, financière et administrative».

Ces enseignants, membres du conseil d’établissement, ont ainsi relevé plusieurs infractions, dont une validation, jugée «sommaire», de projets de filières de masters pour l’année universitaire 2023-2024, ce qui ne représente qu’un aspect des écarts pédagogiques, administratifs et financiers qui caractérisent, selon eux, la gestion de cette école de commerce.

Les enseignants, auteurs de cette dénonciation, évoquent pas moins de 16 projets de filières de masters qui auraient été adoptés de cette manière, sans avoir préalablement été exposés aux membres des conseils des départements et aux coordinateurs en charge des masters.

Les dossiers relatifs à ces projets n’ont pas non plus été soumis à une évaluation des parties concernées dans cet établissement, ont-ils expliqué, ce qui relève d’une infraction aux consignes mentionnées dans une circulaire émise le 23 janviers 2024 par Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur.

Dans leur courrier à l’inspection générale du ministère de l’Enseignement supérieur, ces enseignants précisent que cette affaire est récente et date d’une période où le directeur sortant de l’ENCG, dont le mandat a pris fin il y a un an et demi, avait convoqué à une réunion urgente les membres du conseil de cet établissement.

La date qui avait été retenue est celle du 21 février 2024, et cette réunion devait permettre de valider ces projets de masters, alors en instance. Juste avant le début de la réunion, l’adjoint du directeur avait distribué aux membres du conseil d’établissement un document composé d’une seule page.

Cette feuille comportait une liste de masters, qui étaient proposés avec les noms de leurs coordinateurs. Le directeur adjoint avait aussi convoqué, pour cette même réunion, des personnes qui ne faisaient plus partie du conseil d’établissement de l’ENCG. Il s’agit là, soulignent les membres du conseil d’établissement, d’une deuxième infraction.

Le comble, selon les dénonciateurs de ces infractions, est qu’un procès-verbal résumant cette réunion, qualifiée d’«urgente», avait fuité, alors même que les membres du conseil d’établissement n’en avaient pas connaissance.

Ce PV, qui avait été rédigé par un ancien membre du conseil d’établissement qui ne faisait plus partie de cette instance au moment où cette réunion s’était tenue, comporte des faits qui n’ont jamais eu lieu, souligne Al Akhbar.

Parmi ces faits que contestent les dénonciateurs, une liste de projets de masters qui aurait été adoptée à l’unanimité par les membres du conseil d’établissement, ce qui n’est pas du tout le cas, soulignent-ils.

Depuis la nomination du directeur sortant, expliquent ces enseignants qu’Al Akhbar a interrogés, le fonctionnement de l’ensemble des organisations de l’ENCG se retrouve quasi-paralysé, ainsi que certaines de ses structures électives. Des décisions ont parfois, décrivent-ils aussi, été monopolisées, et des abus de pouvoir ont été constatés.

Par Amyne Asmlal
Le 03/04/2024 à 21h58