On dirait bien que la corruption n'épargne aucun secteur. A la Une de Akhbar Al Yaoum de ce mercredi 2 octobre : "La corruption se répand dans l'ensemble des secteurs d'activité au Maroc, y compris l'enseignement et l'éducation". Selon le journal, "un rapport de Transparency avance que 60% des marocains considèrent que le système éducatif national est corrompu". Un chiffre confirmé, sur les colonnes du journal, par Azzedine Akesbi, membre de Transparency Maroc et de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC).
Dans cette enquête, "l'ONG met le doigt sur plusieurs types de dérives", précise le quotidien. Et cela va de la "tricherie classique" à la "corruption en périodes d'examens, en passant par les cours supplémentaires dispensés de manière illégale". Sans oublier que le rapport dénonce le "chantage" opéré par certains enseignants, notamment dans les universités. Le rapport de Transparency fait également état du "clientélisme" et du "favoritisme" qui dictent donc si arbitrairement les décisions en matière d'inscription dans les établissements scolaires.
Confiance versus corruption
D'un autre côté, le journal n'hésite pas à remettre sur le tapis la question du budget consacré à la mise en oeuvre du Plan d'urgence de l'enseignement. A ce propos et selon Akhbar Al Yaoum, "tous les moyens" mis à disposition "n'ont pas été entièrement investis". En 2011, par exemple, c'est à peine 56% du budget qui a été exploité. Le journal met ainsi en exergue "l'accumulation inquiétante" des enveloppes budgétaires non exploitées. Un point que l'ONG aurait également pointé du doigt dans un précédent rapport mondial sur la corruption et dont les conclusions étaient pour le moins choquantes, ajoute encore le support.
Dire que la corruption est ancrée dans le pays n'est pas vraiment une "nouvelle". Mais qu'elle s'immisce dans le domaine du savoir, voilà qui est d'autant plus grave. Ce rapport de l'organisation Transparency ne doit pas être pris à la légère et devrait inspirer une véritable feuille de route pour non seulement lutter contre la fraude mais, également, rehausser le niveau de l'enseignement national. Un secteur où de nombreuses réformes sont attendues. Autant dire qu'El Ouafa a encore beaucoup de choses à revoir. Et le fait que 60% marocains soit convaincus que l'enseignement est corrompu n'arrange en rien les choses. C'est donc une réforme à double sens qu'El Ouafa et son équipe devrait envisager. L'une interne, relative au secteur en lui-même, et une seconde, externe, visant à sensibiliser les citoyens et consolider leur confiance dans le système éducatif. Car, il faut bien le rappeler, c'est en partie par manque de confiance dans le système que les marocains passent par la case corruption afin de se garantir la "meilleure" qualité de service et d'enseignement.