Des équipes de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) passent au peigne fin des marchés portant sur la construction, l’entretien, l'asphaltage et le réa-asphaltage des routes, ainsi que sur la création de nouveaux accès dans plusieurs communes. Les résultats de ces enquêtes ont révélé plusieurs dysfonctionnements liés au népotisme, au clientélisme, à l’abus de pouvoir et à la corruption.
Selon le quotidien Assabah, qui se penche sur ce sujet dans son édition de ce jeudi 31 janvier, une enveloppe budgétaire de quatre-vingt millions de dirhams a été engloutie dans ces marchés dans la région de Casablanca-Settat, et ce dans des conditions douteuses. C’est d’ailleurs ce qu’auraient constaté les experts des deux inspections, IGF et IGAT, fait remarquer le quotidien.
En effet, des élus et des présidents de commune auraient passé des marchés dans des conditions opaques et sans respect des cahiers des charges et des lois en vigueur. C’est le cas, précisent les sources du quotidien, d’une petite entreprise, récemment créée, qui a pu bénéficier de transactions successives d’une valeur de quatre millions de dirhams. Cette petite entreprise serait gérée par un proche du président de la commune qui lui avait confié les marchés.
Les défaillances et les dérapages relevés par les experts des deux instances d’inspection ont également trait à l’abus de pouvoir. Ainsi, des élus lancent des chantiers dans certaines communes et d’autres programmes pour l’ouverture d’accès secondaires pour plaire à des notables, en vue de servir et d’assouvir leurs appétits électoraux. L’habitat anarchique et insalubre est également mis à profit par ces élus, ajoutent les sources du quotidien.
Par ailleurs, poursuit le journal, le ministère de l’Intérieur est également préoccupé par des manipulations orchestrées par des présidents de commune, à l’est et au nord du pays, en vue d’octroyer des marchés à des entreprises bien déterminées sans aucun respect des règles de la transparence et de la concurrence. Pour ce faire, ces présidents de commune confectionnent des cahiers des charges sur mesure, afin d’écarter de la course certaines entreprises et baliser la voie à des sociétés particulières.
Les cautions exigées dans les appels d’offres ont aussi fait l'objet de manœuvres par des élus qui les déterminaient comme bon leur semblait, sans aucun respect des lois en vigueur. En fait, des magouilles sur toute la ligne, allant de la confection du marché et de son cahier des charges à sa «réalisation», réelle ou fictive, en passant par le processus de l’appel d’offres. Cet état des lieux, conclut le quotidien, a poussé le ministère de tutelle à se pencher sur la restructuration des appels d’offres pour les marchés des collectivités territoriales.