“Deux agents se présentent sur les lieux de ton travail. Ils te demandent de les accompagner au commissariat. Et, en 48 heures seulement, la vie que tu as construite, grâce aux efforts que tu as consentis durant vingt ans, part en fumée. Tu dois retourner à ton pays d'origine. Sans possibilité aucune de faire tes adieux à ta femme et à ta fille. Sans que tu puisses prendre ton passeport ni parler à un avocat”. C'est en ces termes que le journal espagnol en ligne "Eldiario" a résumé la situation vécue récemment par un ressortissant marocain. Le 27 mai dernier, il est rattrapé par ses antécédents judiciaires et expulsé, malgré une vie bien rangée.
Abdoul, 39 ans, a vécu plus de la moitié de sa vie en Espagne. Par le passé, il avait été condamné à neuf ans de prison pour trafic de drogue, peine qui devait être suivie d'une extradition. Mais l'homme s'est repenti, a fondé une famille, occupe même un poste de responsabilité dans une société qui vend des articles pour enfants et a obtenu un permis de séjour valable jusqu'à 2019,
“Nous estimons que le traitement réservé à Abdoul est inhumain”, a commenté Sœur Mari Carmen Ferrero, membre de l'organisation Sœurs de charité de Santa Ana, qui gère l'entreprise de réinsertion par le travail où travaillait Abdoul. La religieuse, qui a accompagné la réintégration du Marocain depuis leur rencontre au centre pénitentiaire de Zuera, était loin d'imaginer qu'on pouvait l'expulser sans avoir fixé de date au préalable.
L'expulsion d'Abdoul a été également condamnée par le Centre Pignatelli qui juge que l'extradition express est contraire à la loi des étrangers. SOS Racisme se mobilise pour que Abdoul puisse être rétabli dans ses droits et retrouver sa famille.