Les aveux tardifs d’un jeune homme de 18 ans ont mis à nu les failles d’une grave erreur judiciaire à Essaouira où un homme a été accusé, à tort, d’avoir commis un crime. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 3 mai, que l’homme innocent a été condamné à 20 ans de prison et qu’il avait déjà passé quatre ans derrière les barreaux. Ne pouvant plus supporter ses remords, le dénommé Abdelkebir K. s’est présenté spontanément devant les gendarmes d’Essaouira, auxquels il a avoué être l’auteur du crime, qu’il a décrit avec force détails. Des sources autorisées indiquent que le juge d’instruction près de Cour d’appel de Safi a décidé de le poursuivre pour homicide.
Le magistrat a, par ailleurs, ordonné la libération du jeune homme qui avait été condamné à tort, en première instance, à 30 ans de prison, avant que la peine ne soit commuée à 20 ans, en appel. Le véritable coupable raconte qu’en septembre 2016, il avait assisté, avec des amis parmi lesquels se trouvait la victime et le faux coupable, à une fête de mariage dans le douar Ahl Jemaa. Comme la soirée avait été trop arrosée, il s’était endormi près de la tente dressée pour le mariage avant d'être réveillé par l’un de ses amis, tard dans la nuit. C’est en se dégourdissant les jambes qu’il a retrouvé la victime qui lui a demandé de l'accompagner pour aller chercher une bouteille d’eau-de-vie (Mahia) qu’il aurait conservée quelque part.
Le quotidien Assabah rapporte que, selon les aveux de l’accusé, la victime lui aurait demandé d’avoir des rapports sexuels avec lui, moyennant un billet de 200 dirhams. Face à son refus, son compagnon l’aurait menacé avec une arme blanche et l’aurait conduit dans une maison abandonnée où il aurait tenté d’abuser de lui sexuellement. Profitant d’un moment d’inattention de son agresseur présumé, l’accusé s’est emparé du couteau et a essayé de le dissuader mais, poursuit-il, il a continué à le harceler. Toujours selon la version de l’accusé, l’agresseur a continué à s’approcher de lui en ignorant ses mises en garde. Et c’est à ce moment qu’il lui aurait asséné le coup de couteau mortel.
L’accusé a, par la suite, quitté la scène du crime et s’est débarrassé du couteau en le jetant dans un puits, près de son domicile. Quant à l’homme innocenté, il a été auditionné par le juge d’instruction auquel il a affirmé que ses aveux lui avaient été extirpés sous la menace et la violence des gendarmes. Ces derniers l’auraient menacé de s’en prendre à sa femme et à ses deux enfants s’il n’avouait pas les faits qui lui étaient reprochés. D’ailleurs, le véritable coupable n’a pas hésité à déclarer que les PV de la gendarmerie contenaient plusieurs contre vérités, y compris celle de la scène du crime qui, dit-il, n’a rien à voir avec le lieu où a été trouvé le cadavre de la victime.