Etre gay, marocain et musulman. Voilà une équation qui semble bien compliquée à résoudre. Et les derniers faits relatifs au procès des deux jeunes homosexuels de Témara le confirment. Non seulement les deux hommes ont été sanctionnés par la justice pour leur homosexualité, mais également par la société. Mais ce tabou, dont on ne parle surtout pas est en réalité bien plus qu’une simple histoire d’orientation sexuelle. Au Maroc, l’homosexualité s'avère de plus en plus comme étant un choix de vie. En somme, entre être gay, marocain ou musulman, il faut choisir !
"Cela fait dix ans que je ne me considère plus comme étant musulman", nous confie un homosexuel marocain que nous nommerons Issam. Si ce dernier a préféré garder l’anonymat, ce n’est pas pour garder le secret sur sa sexualité. "Je le revendique !", affirme-t-il. C’est au contraire son aise à s’afficher "publiquement" qui l’incite désormais à chercher la discrétion : "J’ai reçu un appel d’une personne qui m'a suggéré explicitement de me calmer", confie-t-il au Le360. Sinon, "tout mon entourage sait que je suis homosexuel, même au sein de mon travail", poursuit-il. "Il n’y a que les gens dans la rue qui ne le savent pas… et ça ne saurait tarder", lance-t-il sur un ton humouristique. Il n’est pas le seul dans ce cas.
Au fil de nos entretiens, nous avons appris que beaucoup de marocains homosexuels se considèrent comme étant athées ou agnostiques. "Comment peut-on continuer de s’identifier à une religion qui ne nous accepte pas ?", explique-t-il. Une question qui inscrit donc clairement l’homosexualité au cœur du débat sur les libertés individuelles. Il y a donc bien des marocains qui commencent à se prononcer sur la question. "Je doute que la communauté soit prête et assez mature pour cela", enchaîne notre interlocuteur.
Une communauté online
Peut-on vraiment parler de "communauté gay" au Maroc ? Pour Issam, "pas vraiment, car en dehors d'un forum de discussion – anciennement gaymaroc.forum.com – il n’y a pas vraiment de regroupements homosexuel marocain". Et d'ajouter : "à la création du forum, nous étions entre 20 et 30 personnes à échanger régulièrement sur le Net. Et nous nous rencontrions parfois, mais cela restait assez informel. Du coup, avec le temps et les engagements professionnels de chacun, la communauté s’est dissoute". Aujourd’hui, c’est le web qui continue de les "regrouper" autour de discussions et de débats sur la religion, la politique, les faits de société… bref le quotidien. "C’est un espace qui nous permet d’aborder les sujets qui nous tiennent à cœur sans préjugés", poursuit Issam. C’est que socialement, assumer son homosexualité n’est pas chose aisée. "C’est vrai que j’ai eu de la chance d’être accepté par mes proches, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Le manque de communication a tendance à diaboliser l’homosexualité. Beaucoup voient cela comme une maladie", regrette Issam. Résultat, un jeune qui découvre sa sexualité n’a pas vraiment où se tourner pour trouver une oreille attentive.
Mais Issam préfère quand même voir le verre à moitié plein : "Malgré tout, les nouvelles générations sont beaucoup moins homophobes que celles de nos (grands) parents".