Une femme sur dix déclare avoir subi des violences conjugales. Victimes ou témoins, la mobilisation de chacune et de chacun est donc essentielle. Mais dans la réalité, il est souvent difficile, pour les victimes, de parler des coups reçus. La plupart des femmes se murent dans le silence et la honte, n'osant pas crier leur mal.
Or, voilà, une méthode discrète est expliquée dans une campagne informelle lancée sur Facebook: «La philosophie originale de cette campagne était de permettre à une victime de mettre un point sur sa main en présence d’une personne en qui elle a confiance, et de leur permettre de commencer une conversation, afin qu’elles puissent ouvrir cette porte et, espérons-le, démarrer un processus de recherche d’aide professionnelle».La démarche a pour but d’attirer l’attention des proches : famille, amis, collègues, peu importe finalement, du moment que quelqu’un intercepte cet appel de détresse.
Un signe discret pour entrer en actionLes médecins et les hôpitaux sont ainsi invités à reconnaître ce signe discret pour entrer en action, explique la page dédiée. Le groupe Facebook, qui totalise une dizaine de milliers de "J'aime", met en avant des témoignages de personnes appelant à l'aide, notamment celui d'une femme enceinte craignant la violence de son mari. Cet appel à l’aide silencieux aurait aidé quarante-neuf personnes à sortir de relations abusives.
Cette campagne, toutefois, ne convainc pas tout le monde. Si les messages de soutien affluent depuis le lancement de cette initiative, les critiques ne manquent pas, arguant que ce "point noir" utilisé par les victimes peut également, à terme, représenter un danger pour les plaignantes, les exposant à de rudes représailles face à des conjoints abusifs, pouvant avoir eu vent de l’information sur Internet. D’autres considèrent au contraire qu’il n’est pas assez visible et peut être pris pour un grain de beauté.
Au Maroc, six millions de femmes sont victimes de maltraitance. Des femmes meurent chaque jour des coups de leur mari ou se donnent la mort pour ne plus subir de violences conjugales. Le besoin d’une loi protégeant la femme de la violence devient une nécessité et une obligation dictées par les conventions internationales signées et ratifiées par le Maroc. Un projet de loi sur la violence à l’égard des femmes, dans le circuit d’adoption depuis une dizaine d'années, n'a toujours pas pu voir le jour.