Ce sont les conclusions d’un nouveau rapport dont on se serait bien passé. Selon un récent rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) dont se fait l’écho Akhbar Al Yaoum dans sa livraison de ce vendredi 5 juin, près de deux millions de Marocains vivent sous le seuil de pauvreté avec à peine un peu plus de 12 DH par jour, soit l’équivalent d’un ticket de bus aller-retour à Casablanca! Le journal a bâti ses estimations sur le dernier recensement de la population et de l’habitat de septembre 2014, mené par le HCP. Autre cruelle conclusion qui dit toute l'ampleur des disparités régionales: l’écrasante majorité des Marocains vivant sous le seuil de pauvreté se concentre plutôt en milieu rural où l’on recense pas moins de 13.4 millions d’âmes.
En page intérieure, le journal donne plus de détails sur ce constat inquiétant à plus d’un titre. Akhbar Al Yaoum affirme, entre autres, que le Maroc, selon la FAO, n’a pas atteint ses objectifs en matière de lutte contre la malnutrition qui devait être réduite de 50% à l’horizon 2015. Par contre, d’autres pays arabes ont réussi ce pari, dont le Koweït et le sultanat d’Oman. Petite victoire: le royaume est quand même classé parmi les 15 pays à être venus à bout de la famine.
Au pays des aveugles…La situation n’est pas aussi dramatique au Maroc que dans d’autres contrées arabes et africaines. Car, si l’ONU fixe le seuil de pauvreté à 1.25 dollar américain par personne, le Maroc échappe à une shortlist où l’on retrouve des pays comme la Mauritanie, le Soudan ou le Yémen, où la pauvreté touche plus de 10% des populations. Et encore, car il existe un grand gap entre milieux rural et urbain. Au Maroc, la pauvreté touche ainsi 14.4% des habitants des campagnes, alors que ce taux atteint 40% au Yémen et plus de 35% en Syrie et en Irak. Bref, le royaume reste certes loin des objectifs qu’il s’est fixés à travers ses politiques publiques et ses engagements internationaux. Mais, si tout le monde ne mange pas de brioche, presque tous peuvent prétendre à un bon «Msemmen», garant de notre sécurité alimentaire, comme dirait le hilarant ministre Mohamed El Ouafa!