Sans avoir commis le moindre crime à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, où il résidait depuis plusieurs mois, Redouane Taghi, a été arrêté lundi dernier par la police émiratie. En fait, ses agents, après avoir épluché un mandat d’arrêt international lancé par les autorités néerlandaises,et qui leur était parvenu depuis quelque temps, ont fini par découvrir qu’effectivement un Néerlandais était entré sur le territoire émirati, avec certes un passeport et un visa en bonne et due forme, mais sous une fausse identité.
D’après le quotidien Al Massae de ce mercredi 18 décembre, c’est en comparant les photos fournies par la police des Pays-Bas et l’identité exacte du nouveau «résident modèle» à Dubaiï que les Emiratis ont pu démasquer l’un des hommes les plus dangereux et les plus recherchés d'Europe.
Il s’agit d'un baron de la drogue, un Marocco-Néerlandais, Redouane Taghi, âgé de 41 ans. Il a été le chef d’un gang prénommé les «Anges de la mort», qui aurait à son passif une demi-douzaine d’assassinats, dont celui du café La Crème à Marrakech, où un étudiant en médecine est tombé sous les balles de deux tueurs à gage, le 2 novembre 2017.
Selon le général Abdallah Khalifa, chef de la police de Dubaï, Redouane Taghi avait atterri aux Emirats Arabes Unis bien avant le lancement du mandat d’arrêt international contre lui. Se cachant sous une fausse identité, bien que son passeport et son visa semblaient en règle, il vivait depuis à Dubaï, dans une villa cossue, entouré de ses nombreux employés et sans avoir jamais commis le moindre acte répréhensible.
Pour sa part, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia a saisi l’occasion de l’arrestation de Redouane Taghi pour revenir sur la série noire des nombreux assassinats qu’il a commandités. En effet, un témoin-clé, Nabil B., lui aussi Marocco-Néerlandais, qui travaillait sous les ordres de Redouane Taghi, a balancé tous ses crimes à la police néerlandaise, avant que son frère ne soit tué en représailles par les «Anges de la mort», qui ont également assassiné, entre autres, un avocat qui défendait un témoin à charge contre Redouane Taghi.
Ce narco-trafiquant notoire est soupçonné, en outre, d'être le cerveau de l’assassinat, par erreur, d’un étudiant marocain en médecine à Marrakech, tombé sous les balles d’Edwin Gabriel et Chardyoun Semerel, deux tueurs originaires de la République Dominicaine et du Surinam, et entre-temps condamnés à mort par les tribunaux de Marrakech.
Mais, selon Assabah, si les Emirats Arabes Unis et les Pays-Bas ne sont liés par aucune convention d’extradition, le Maroc pourrait profiter de celle qu’il avait signée avec ce pays du Golfe en 1993, pour demander à Abu Dhabi de lui remettre ce criminel transfrontalier.
L’article 31 de cette convention donne un mois à Rabat, à partir du jour de l’arrestation du prévenu, pour fournir aux Emirats les documents que nécessite cette procédure d'extradition.