La polémique sur l’exonération des frais de scolarité du mois de juillet dans les écoles privées du Maroc revient sur le tapis. A l’approche de la fin de l’année scolaire, prévue le 20 juillet comme l'a confirmé récemment Chakib Benmoussa, ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, plusieurs écoles privées, une majorité, se trouvent dans l’embarras.
«Les parents qui ont payé le mois de septembre ne vont pas s’acquitter, et c’est logique, du mois de juillet, puisque la rentrée scolaire a été décalée au mois d’octobre et que le dernier jour de classe est fixé au mois de juillet. Mais le problème, c’est que plusieurs écoles privées ont proposé aux parents de ne pas payer le mois de juillet, même en n’ayant pas payé le mois de septembre, ce qui crée une véritable confusion», déclare Mohamed Hansali, président de l'Alliance de l'enseignement privé au Maroc, interrogé par Le360.
Celui qui est aussi le secrétaire général de cette association, qui regroupe le plus grand nombre d’écoles privées dans le pays, moyennant une cotisation de 1.000 dirhams annuellement, affirme qu’il y a aujourd’hui un grand malentendu avec plusieurs parents d’élèves.
Mais Mohamed Hansali tempère tout de même son propos, en soulignant que tout se résoudra grâce à un dialogue et de la communication entre l’administration de l’école et les parents d’élèves: «les parents doivent comprendre qu’il s’agit de 10 mois d’études et que les enseignants doivent être payés, à la fois pour le mois de septembre et pour les mois de juillet et d'août. Plusieurs écoles -et c’est là leur cuisine interne- ne paient pas leur personnel les mois où l’école est fermée, mais c'est là une minorité». Pour le président de l’Alliance de l’enseignement privé au Maroc, un total de 180.000 enseignants travaillent dans des écoles privées au Maroc: «il faut donc penser aux dix mois de salaire de ces 180.000 enseignants, qui doivent être payés par les établissements privés au Maroc», ajoute cet interlocuteur.
Contacté par Le360, Mohammed Saïd Laraki, directeur pédagogique d’un groupe scolaire à Casablanca, affirme fièrement que son établissement fait partie de ceux qui ont décidé d’exonérer les parents des frais de scolarité du mois de juillet, y compris ceux qui n'ont pas payé les frais de septembre: «étant donné que Aïd Al-Adha, qui sera célébré vers le 10 juillet prochain, est une fête au cours duquel la majorité des parents d’élèves de notre école partent en voyage, nous avons pensé à eux, et le dernier jour des classes pour le primaire dans notre école aura lieu le 5 juillet».
Le directeur pédagogique de cette école affirme donc que l’année scolaire dans son établissement ne va pas s’achever le 20 juillet: «nous avons terminé le programme scolaire, nous ne sommes donc pas obligé de finir les cours à la date qui a été annoncée initialement», a expliqué Mohammed Laraki.
Mais qu'en sera-t-il du versement des salaires du personnel de ce groupe scolaire? «Cela va sans dire. Nous avons toujours payé notre personnel pour les mois de juillet et d'août, et ce sera de même cette année, alors que la rentrée a été décalée pour cause de pandémie».
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Cette décision prise par certaines écoles, crée néanmoins, selon Mohamed Hansali de l'Alliance de l'enseignement privé au Maroc, une crise de confiance entre parents d’élèves et établissements scolaires. Un avis partagé par Zineb Aboutaj, directrice pédagogique d’une école privée à Casablanca, qui relate que plusieurs parents exigent d’être à leurs tours exonérés du mois de juillet, même en n’ayant pas payé les frais du mois de septembre, et cela, alors même qu’il ne s’agit pas d’une décision gouvernementale, mais plutôt d’une décision propre à certaines écoles.
«Exonérer les parents d’élèves des frais du mois de juillet, c’est avoir un mois de salaire en moins en sachant que les cours se terminent le 20 juillet. Plusieurs parents comprennent mal cette question qui était d’actualité au début de l’année et qui semblait avoir été bien intégrée. Mais lorsque certaines écoles ont décidé d’exonérer les parents d’élèves, des frais de scolarité de juillet, y compris ceux qui n’ont pas payé les frais de scolarité du mois de septembre, cela a créé un vrai cafouillage», déclare cette directrice pédagogique.
Dans une réponse écrite à la question d’un député parlementaire, lundi 20 juin 2022, Chakib Benmoussa a déjà tranché à propos de cette question, en expliquant que son département n’était pas concerné par ce malentendu, puisqu’il s’agissait là d’une relation financière entre parents d’élèves et écoles privées.
Pour Mohammed Hansali, la solution à ce quiproquo est simple: il faudrait que les parents fassent preuve de discernement et que la confiance entre l’école et les parents d’élèves soit rétablie.