Le mot d’ordre est donné. Les différents agents de l’autorité locale ont reçu pour instruction de surveiller de très près les traditionnelles opérations de distribution des paniers du Ramadan. Les professionnels des aides distribuées à cette occasion à des fins qui n’ont rien à voir avec la charité risquent gros. Ils peuvent finir en prison, écrit le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 4 et 5 mars.
Personne ne s’oppose à la générosité publique surtout à l’occasion de ce mois sacré, insiste le quotidien, mais cela doit désormais se faire selon les procédures fixées par la loi. Laquelle loi vient tout juste d’être promulguée. Les associations de bienfaisance peuvent, en effet, continuer à apporter de l’aide aux personnes nécessiteuses, mais les autorités locales ont pour instruction de veiller à ce que ces associations n’aient aucune attache avec une quelconque formation politique.
Partant de là, les hommes politiques et les professionnels des élections n’ont pas le droit de faire appel à la générosité publique pour constituer des paniers d’aide alimentaire, ensuite, dans leur fief électoral. Ce sont justement les personnes visées par cette mobilisation de l’autorité locale.
Citant un responsable du ministère de l’Intérieur, le quotidien affirme que la solidarité à ses règles et doit répondre à un certain nombre de conditions. «Il y a certes des personnes animées de bonnes intentions qui collectent des fonds ou des produits alimentaires et les distribuent aux familles nécessiteuses, mais il est aussi de notre devoir de nous assurer que les fonds ou les produits collectés aillent effectivement aux personnes ciblées», affirme ce responsable cité par le quotidien.
Assabah affirme en ce sens détenir des informations selon lesquelles des pontes locaux auraient déjà procédé discrètement, dans plusieurs endroits, à un recensement des personnes pouvant bénéficier des aides dans leurs circonscriptions pour préserver leur force de frappe électorale. C’est ce genre de personne que les caïds et autres agents de l’autorité ont reçu pour instruction de suivre de très près, à travers tout le pays.
Par ailleurs, mais dans le même ordre d’idée, le quotidien a fait écho de cet appel aux autorités locales pour geler la distribution des aides, un article prévu dans le budget de ces collectivités, pendant le mois de Ramadan. Ces élus motivent leur requête par l’invocation du principe de l’égalité des chances. Les présidents de commune, explique le quotidien, attendent, en effet, l’avènement du mois sacré pour mettre en œuvre cette ligne du budget communal. Ce qui leur permet de maintenir intact leur niveau de popularité.