Les chiffres parlent d’eux-mêmes: trois morts, 354 blessés dont 326 parmi les forces de l’ordre, 446 véhicules endommagés et près de 80 établissements publics et privés saccagés dans 23 provinces du pays.
Mais au-delà du bilan matériel et humain, une réalité encore plus inquiétante a émergé. «Une large proportion des participants à ces attroupements violents était des enfants et des adolescents, représentant plus de 70%, atteignant parfois 100% dans certains groupes», avait déclaré Rachid El Khalfi, Porte-parole du ministère de l’Intérieur, jeudi 2 octobre. Ces chiffres posent avec acuité la question de l’encadrement éducatif et social des jeunes.
Pour Imane Dine, experte en insertion des jeunes vulnérables, ces violences révèlent avant tout une faille éducative. Selon elle, «lorsqu’un enfant n’apprend pas à respecter son entourage, ses parents à la maison, ses professeurs à l’école, ses voisins dans la rue, il ne peut pas comprendre non plus qu’il faut respecter les biens d’autrui».
L’experte appelle à une réflexion profonde sur les fondements de l’éducation familiale. «Il faut repenser notre système éducatif, et je ne parle pas uniquement de l’enseignement scolaire. Les familles doivent retrouver leur rôle essentiel: élever leurs enfants dans le respect, leur transmettre le sens des droits et des devoirs», souligne-t-elle.
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Imane Dine insiste également sur une meilleure compréhension de la notion de liberté. «La liberté ne peut pas être absolue. Elle s’arrête là où commence celle des autres. Si nous n’apprenons pas à nos enfants cette responsabilité, ils ne comprendront jamais le sens véritable de la liberté», résume-t-elle.
La société civile partage cette inquiétude. Pour Chakib Sbaibi, acteur associatif, les récentes scènes de vandalisme doivent servir d’alerte: «Voir des adolescents commettre des vols et des destructions dans des villes comme Oujda est profondément préoccupant. Cela montre à quel point la famille, l’école et la société civile ont failli dans leur mission d’encadrement.»
Il estime urgent de renforcer les espaces éducatifs et sportifs pour offrir aux jeunes des alternatives à la rue. «Les établissements scolaires, les maisons de jeunes, les associations de quartier ou encore les stades de football doivent redevenir des lieux de formation et de conscience», estime-t-il.
Pour lui, les revendications des jeunes sont légitimes mais ce mouvement doit rester pacifique. «Il est normal que les jeunes portent des revendications justes. Mais ils doivent apprendre à les exprimer de manière responsable, civilisée et non violente», conclut-il.








