Hier, lundi 31 janvier 2022, à l'initiative de l'Association Oujda Ain Ghazal 2000, un atelier de sensibilisation a réuni, tout au long d'une journée, 30 personnes, parmi des élus des collectivités territoriales locales, ainsi que plusieurs représentants de la société civile d’Oujda, de Rabat, de Laâyoune, et de l'université Mohammed 1er d'Oujda. But affiché des discussions au cours de cet atelier, dans le chef-lieu de l'Oriental: que des propositions concrètes émergent du débat sur un fléau sociétal préoccupant, le harcèlement sexuel dans l'espace public, dans l'objectif d'une nécessaire prise de conscience par tous de l'ampleur de ce phénomène.
Les participants ont donc longuement débattu de ce fléau qu’est le harcèlement sexuel. Celui-ci prend différentes formes, et a de nouveau fait débat dans la société quand dernièrement, les médias et les réseaux sociaux se sont fait l'écho de scandales qui ont affecté des établissements universitaires, comme l’ENCG d’Oujda, l’université Hassan 1er de Settat, et l’université de Tétouan. Ces scandales, communément englobés sous l'appellation sans équivoque de «sexe contre bonnes notes», ont provoqué l'indignation et la colère des internautes, de militants d'ONG de défense des droits des femmes, mais aussi de responsables gouvernementaux.
«Nous cherchons à sensibiliser un maximum d’individus sur la problématique du harcèlement sexuel dans l’espace public, mais également dans les milieux universitaires. Il est nécessaire d’ouvrir les esprits des étudiants et étudiantes qui ont été victimes de harcèlement sexuel sur la gravité de cet acte indécent, et mettre en place un ensemble de mesures nécessaires pour stopper définitivement ce fléau social», a expliqué, interrogée par Le360, Nezha Jaada, présidente de l’Association Oujda Ain Ghazal 2000, et participante à cette réunion.
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Pour l’ensemble des participants à cette réunion, il est primordial de signaler les crimes de harcèlement sexuel sous leurs différents aspects. Il est essentiel aussi, selon eux, de protéger les victimes d'un harcèlement sexuel, de même que d'appliquer les dispositions de la loi 103.13, qui a trait à la lutte contre les violences envers les femmes.
Cette loi, qui avait été promulguée dans le but de protéger les femmes dans l’espace public, stipule en effet, dans ses articles 503-1-1, «que toute personne qui a harcelé l’autre de manière persistante est considérée comme coupable de harcèlement sexuel», ce qui inclut le harcèlement «dans les espaces publics ou autres, par des agissements, des paroles, des gestes à caractère sexuel ou à des fins sexuelles».
Mais bien qu’essentielle, l’interdiction législative du harcèlement sexuel ne suffira pas à enrayer ces comportements. D’autres mesures doivent être adoptées, ont souligné les participants à cette table ronde. Celles-ci peuvent être certes imposées par la législation en vigueur, mais aussi par des mesures prises dans les différentes institutions, afin de contrer d'éventuels velléités de harcèlements sexuels, ou encore par des mécanismes rendus plus aisés pour formuler une plainte.
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Autres mesures préconisées par les participants: l’augmentation du nombre de femmes, qui viendraient travailler dans des activités où les hommes sont généralement plus nombreux, ou encore que des sessions de sensibilisation sur les méfaits du harcèlement sexuel soient organisées, à destination des équipes qui travaillent dans une institution donnée.
Cette initiative salutaire qui s'est tenue à Oujda intervient dans le contexte d'un projet plus global, celui de l'«appui et [de la] consolidation de la dynamique de participation démocratique aux niveaux collectif, régional, et national, pour réduire les disparités au Maroc». Ce projet, mis en œuvre en partenariat avec le Mouvement pour la Paix, et la section Maroc de l'ONG Oxfam, est financé par l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.
Dans sa globalité, le projet vise à promouvoir les différents aspects liés à la stratégie nationale pour une régionalisation avancée, de même qu'à œuvrer à rendre cette stratégie, dans son volet sociétal, plus juste, égalitaire et durable, tout en contribuant à réduire les inégalités qui affectent plus durement les femmes et les jeunes dans notre pays.