Hantés par le spectre du coronavirus, les Marocains oublient souvent que le passé a été marqué par des épidémies et des sécheresse qui pouvaient balayer d’un coup une frange importante de la population.
Ce fut le cas de la famine qui a frappé le pays entre 1776 et 1781 et qui força la population à se nourrir de charognes, d’animaux domestiques ou même sauvages comme les sangliers, voire des cadavres humains, rapportent les historiens. Selon le magazine Al Ayyam dans son édition de la semaine, à elle seule, la peste qui a sévi au Maroc entre 1798 et 1800 a décimé les populations urbaines dans des proportions bien plus importantes que les pertes que pourraient les virus Ebola ou coronavirus. L’épidémie a pris une telle ampleur qu’on recense près de 130 victimes par jour. La peste s’est répandue comme une trainée de poudre, à Fès où elle fait près de 65.000 victimes, à Marrakech (50.000) et près du tiers de la population de Rabat (20.000).
Avec des saisons sans pluies, la dégradation sanitaire et les risques d’épidémies se multiplient. Ce fut le cas du choléra, communément admis sous l’appellation «Bou Kelb», qui s’est répandu de manière quasi-cyclique au Maroc dans les années 1834, 1854, 1858, 1868, 1878 dans les villes surpeuplées du royaume. L’épidémie est apparue sur le sol marocain après l’ouverture sur le marché européen ou à l'issue de pèlerinages accomplis par des Marocains.
Au 20e siècle, au lendemain de la défaite de la France et de l’invasion de l’armée allemande au coeur de Paris en 1940, soit une année après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, le pays a transformé ses colonies en plateformes d’exportations des matières premières agricoles. L’offre exportable locale tournée quasi-exclusivement vers le marché français a créé une pénurie d'aliments de première nécessité au Maroc. La sécheresse a accentué la rareté des ressources. En 1945, une autre épidémie, la fièvre typhoïde (Bou Netaf) souffle, faisant plus de 26.000 victimes.
Durant trois siècles, l'Histoire retient que le royaume a pu devenir un vaste mouroir, mais que les populations locales ont su faire preuve avant tout de résilience.