Au-delà des relations officielles entre le Maroc et le Liban, les deux peuples sont étroitement liés par des relations séculaires tissées par des oulémas marocains qui se sont installés, il y a longtemps, dans le pays des cèdres. A tel point que dans plusieurs villes du Liban, des zaouïas sont attribuées à des saints marocains comme la «zaouïa des Magharibas», la «zaouïa Hamra» et la zaouïa «Bab msalla» à Beyrouth.
Les historiens relatent que des Marocains en provenance de Fès avaient reproduit des souks similaires à ceux de la capitale spirituelle en leur donnant les mêmes appellations (Attarines, Nekkachines, Nahassines). Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 14 août, que des pèlerins marocains qui revenaient de la Mecque s’étaient installés dans ce pays et mariés avec des Libanaises.
Les mariages n’ont pas cessé depuis entre les deux peuples si l’on se réfère au nombre de demandes de mariage déposées dans les ambassades des deux pays à Beyrouth et à Rabat. Le plus célèbre d’entre eux demeure celui qui avait uni en 1961 feu le prince Moulay Abdallah avec Lamia Essolh, fille du leader politique libanais Riad Essolh.
Leur rencontre a eu lieu en 1957 lors d’une fête organisée à Paris où ils poursuivaient leurs études. Le prince marocain et l’étudiante libanaise sont tombés amoureux dès les premiers instants de leur rencontre. Leur amour était tellement intense que le prince n’a pas tardé à informer son père, feu le roi Mohammed V, de son souhait de se marier avec Lamia Essolh.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que même si les traditions du palais n’autorisaient l’union d’un prince qu’après le mariage de son ainé, feu le roi Mohammed V a fini par céder au cri du coeur de son fils. Le roi s’est déplacé personnellement à Beyrouth en 1959 pour demander la main de Lamia Essolh, mais l’acte de mariage officiel n’a eu lieu qu’en 1961, quelques jours avant le décès du défunt souverain.
Bien que de nationalité syrienne, l’ex-ministre de la Défense Mustapha Talass entretenait des relations très étroites avec la famille Essolh, via sa femme Lamia Al Jabiri, qui avaient des liens familiaux forts avec Fayza Al Jabiri, la mère de Lamia Essolh. Dans ses mémoires, Mustapha Talass raconte comment il avait senti que le général Oufkir conspirait contre le roi Hassan II. Il en avait informé la mère de Lamia Essolh qui avait pris le premier avion pour Rabat afin d’aviser le roi Hassan II des intentions du général putschiste.
Après l’échec du coup d’Etat d’Oufkir, feu Hassan II avait fait l’éloge du général Mustapha Talass et avait dit, en plaisantant, au président Hafed El Assad qu’il pouvait dormir sur ses deux oreilles, car il n’y aurait jamais de putschistes dans l’armée syrienne tant que Mustapha Talass serait à ses côtés. Les histoires de mariages entre Libanais et Marocains sont nombreuses, aussi bien dans les milieux du sport, de la musique que des affaires.
C’est ainsi que l’artiste libanais Maher Zine, connu pour ses chansons spirituelles, et Aicha la Tangéroise ont convolé en justes noces, tout comme son compatriote Ziad Borji, qui s’est marié avec une Marocaine à travers Facebook. Beaucoup ne savent pas que l’ex-entraineur de l’équipe nationale de football, Henri Michel, avait obtenu la nationalité marocaine et que comme beaucoup d’autres, il s’était marié avec une Libanaise avec laquelle il a vécu jusqu’à sa mort en 2018.