Mohamed Ali, né Cassius Clay, voit le jour à Louisville en 1942. Celui qui deviendra le plus grand boxeur de tous les temps sera aussi un fervent défenseur des droits civiques. Rebelle et intègre, il mettra sa carrière en jeu, en 1967, pour objection de conscience : celui qui s’appelle désormais Mohamed Ali depuis sa conversion à l’Islam en 1964, refusera en effet de se laisser enrôler dans la guerre du Vietnam, invoquant, entre autres, ses convictions religieuses. Mais, dira-t-il surtout, « Je ne vais pas me quereller avec un Vietnamien, aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de sale nègre». « Je ne vais pas aller tuer des Jaunes pour faire plaisir aux Blancs ». Suite à cette objection de conscience, Mohamed Ali sera interdit de combat pendant 4 ans, le temps que mettra la Cour suprême américaine pour l’entendre enfin.
« Je flotterai comme un papillon, je piquerai comme une abeille »Mais celui qu’on surnommait « The Greatest » reprend vite le dessus et devient le premier triple champion du monde poids lourds. Considéré comme l'un des plus grands boxeurs de l'histoire, Mohamed Ali sera proclamé, en 1999, « Sportif du siècle ». En 2005, l'Organisation des Nations Unies lui remettra, à Berlin, la médaille Otta Hahn de la paix « pour son engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l'émancipation culturelle des Noirs à l'échelle mondiale ».
« J’ai fait un rêve »Le Match de 1974 à Kinshasa emmènera donc Mohamed Ali en Afrique où sa popularité est immense et où il sera profondément ému par cette terre où il avait ses racines, comme il le disait lui-même. Le combat qu’il mènera là contre Geoge Foreman, sera dès lors un combat qu’il mènera pour l’Afrique, dans cette ville de Kinshasa où les gens le suivaient et couraient avec lui durant ses entraînements. Il dira à ce propos, reprenant la phrase mythique de Martin Luther King :« La nuit dernière, j’ai fait un rêve. Quand je suis arrivé en Afrique, j’ai entendu un grondement d’enfer. J’ai d’abord dû botter le derrière de Tarzan parce qu’il prétendait être le roi de la jungle. Pour ce combat, j’ai lutté avec les alligators, j’en ai décousu avec une baleine. J’ai menotté la foudre et mis en prison le tonnerre. Vous savez que je suis méchant. La semaine dernière, j’ai assassiné un rocher, blessé une pierre, fait hospitaliser une brique. Je suis si méchant que je rends la médecine malade. Je suis si rapide que je peux courir à travers un ouragan sans me mouiller. Lorsque George Foreman me rencontrera, il payera sa dette. Je peux noyer un verre d’eau, et tuer un arbre mort. Attendez un peu de voir Mohamed Ali. »
Ainsi parla le grand dur au coeur tendre. "Méchant"? Rien de moins sûr. Car oui, nous avons vu, Monsieur Mohamed Ali. Vous êtes venu, nous avons vu, et vous nous avez émus.