Drôle d’affaire que celle survenue, mercredi soir, à El Harhoura, à la périphérie de Rabat, où un jeune homme d’une trentaine d’années s’est rendu coupable d’une tentative d’enlèvement. La victime: une jeune fille de vingt ans que le kidnappeur a menacée d’un couteau alors qu’elle regagnait sa voiture, garée en face d’un restaurant de la place où elle venait d’achever de dîner. La pauvre automobiliste n’a donc eu d’autre choix que de laisser monter à bord de son véhicule l’homme armé qui, sans avoir l’air de bien savoir où il voulait aller, l’a simplement obligée à rouler, sous la menace de la lame pointée sur elle. Heureusement pour l’otage, l’étrange odyssée sera vite abrégée par le premier barrage de gendarmes sur lequel tomberont l’homme et sa proie.
Al Akhbar rapporte en Une, dans son édition de ce vendredi 20 mars, les détails de ce fait divers. Un fait divers insolite à souhait, les raisons ayant motivé le geste du kidnappeur s’étant avérées pour le moins surprenantes. Suite à l’arrestation de son agresseur par la gendarmerie royale, la victime témoignera de son périple et commencera par faire part de la surprise et de la frayeur qui l’avaient saisie à cette heure tardive de la nuit où, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle, un homme, surgi de nulle part, avait grimpé dans sa voiture et lui avait mis un couteau sous la gorge en lui intimant de démarrer et de se diriger calmement vers la ville de Rabat. Mais, loin de lui obéir et mue par un incompressible instinct de survie, son otage profitera du premier barrage rencontré en chemin pour ouvrir la portière et sauter de la voiture, sous les yeux médusés des gendarmes qui n’en seront d’ailleurs pas à leur dernière surprise de la soirée. En effet, rapportera encore la jeune fille, l’homme, une fois arrêté, leur hurlera à la face que sa seule intention était de retourner en prison, quitte à tuer quelqu’un, n’importe qui, pour arriver à ses fins. Heureusement, il n’aura pas eu besoin d’ôter la vie à quiconque pour retourner d’où il venait, à savoir à la prison de Salé où il venait de purger une peine.
Le jeune fille, une étudiante qui se prépare à défendre une thèse en sciences politiques, a été profondément traumatisée par cette agression qui l’a plongée dans une dépression nerveuse et a mis en émoi toute la population de la région.Si des prisonniers à peine libérés n’ont d’autre projet que de retourner en cellule, il y a de quoi s’inquiéter. Le concept de «réinsertion» reste manifestement un concept. Et l’on nourrit le désespoir des deux côtés des barreaux. La haine de l’un, la panique de l’autre.