Dans cette interview accordée nos confrères de la MAP, ce professeur à l’Imperial College de Londres, expert dans le développement des virus thérapeutiques contre le cancer fait le tour de la question.
En tant que spécialiste des virus bactériens. Comment expliquez-vous cette expansion rapide du COVID 19 ?
Le nouveau coronavirus apparu en 2019 est différent des virus précédents. Il a acquis de nouvelles capacités génétiques qui lui permettent d'être plus virulent. La grande question est de savoir comment cette mutation génétique s’est-elle produite.
Selon des articles scientifiques publiés récemment, ce virus aurait développé une séquence qui lui permet d'être activé par une enzyme qui existe dans les poumons favorisant son entrée de façon très rapide pour devenir ainsi très agressif, dans les cellules pulmonaires, et d'une manière quasiment incontrôlable.
Maintenant, la question est de savoir d'où vient cette séquence et où s'est déroulée cette mutation pour la première fois et pourquoi cette enzyme y a été introduite. Ce n'est pas encore clair.
Le nombre des virus augmente tellement dans les poumons que cela bloque la respiration et provoque une pneumonie aiguë chez l'Homme.
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Pourquoi ce virus s’attaque surtout aux personnes âgées ou ayant un système immunitaire défaillant ?
Il n'y a pas de données scientifiques claires jusqu'à présent à ce sujet, mais ce que les virologues pensent, et j'adhère à leur théorie, c'est que le corps humain reconnaît toutes les substances étrangères qui l'envahissent, ce qui fait que quand le virus atteint un niveau élevé dans le corps, ce dernier active son système immunitaire pour l'éliminer, ce qui provoque l'inflammation. Celle-ci est évidemment un résultat de l'activation du système immunitaire qui essaye d'éradiquer toutes les cellules infectées et les virus.
Ce qu'il se passe, c'est que parfois ces virus se dupliquent tellement rapidement que le système immunitaire n'arrive pas à leur faire face, ce qui aggrave cette inflammation. Autrement dit, plus il y a de virus, plus il y a de l'inflammation. Et c'est cette dernière qui peut être mortelle dans certains cas où le système immunitaire est affaibli, notamment chez les personnes âgées ou qui souffrent d'autres maladies chroniques.
En l’absence d'un traitement efficace jusqu'à présent, peut-on espérer le développement d'un vaccin dans l'immédiat ?
Le développement d’un vaccin peut prendre malheureusement beaucoup de temps. La seule chose sur laquelle on peut compter c'est d'utiliser des agents thérapeutiques qui existent sur le marché, comme la chloroquine.
Il s'agit d'un produit antiviral, utilisé dans le traitement du paludisme. La chloroquine peut être utilisée pour sauver des vies, mais pour le moment, il n'y a aucune donnée clinique qui prouve qu'elle est efficace à 100 % pour le traitement du coronavirus.
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Celle-ci a été testée par des équipes de recherche en 2003 pour le traitement du SARS, mais elle doit être administrée aux patients avant ou au début de l'infection, car son rôle est de bloquer l'entrée des virus dans la cellule humaine.
Personnellement j'ai également été sceptique quant à son utilisation pour le traitement du nouveau coronavirus, mais il paraît qu'elle peut donner des résultats, dans certains cas.
Le problème aussi avec ce virus, c'est qu'il peut être asymptomatique dans de nombreux cas, alors que la chloroquine nécessite que la plupart des patients doivent être testés pour le virus.
Quelles sont les mesures les plus efficaces pour limiter la propagation de ce virus ?
Dans l'immédiat, nous ne pouvons pas encore compter sur un vaccin ou sur le développement d'un traitement antiviral. Le meilleur modèle à suivre jusqu'à présent serait celui de la Chine.
Ce pays a pris des mesures radicales qui permettent de ralentir la transmission du virus d'une personne à l'autre, notamment les mesures de la distanciation sociale.
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Le virus se transmet par les gouttelettes d'une personne infectée véhiculées par la toux ou l'éternuement, qui peuvent être portées jusqu'à deux mètres ou tomber sur le sol ou les surfaces. Donc, pour empêcher sa transmission, il faut éviter le rapprochement et le contact social étroit ou avec des objets infectés. Il a été prouvé par ailleurs que le virus peut vivre sur le plastique plus que 24 heures, jusqu'à 3 jours sur le métal et 5 jours sur le verre, tandis qu'il vit jusqu'à 8 heures sur le cuivre et plus de 24 h sur le carton.
D'où la nécessité de se protéger au maximum, de rester confiné à la maison, se laver les mains régulièrement et d'éviter de se toucher le visage et les yeux après avoir utilisé des objets infectés.
Comment jugez vous les mesures prises par le Maroc à cet effet ?
Je salue l'initiative prise par le Maroc, qui a été parmi les premiers pays au monde à agir rapidement et à imposer des mesures de distanciation sociale strictes, qui ont déjà montré leur efficacité dans le ralentissement de l'expansion du virus d'une personne à l'autre.
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Est-ce que les températures élevées durant l'été peuvent contribuer à atténuer le virus voire favoriser sa disparition ?
Normalement, la plupart des virus ne vivent pas dans une température de plus de 25°C.
Cependant, la hausse des températures agit sur les virus aéroportés, c'est à dire solubles dans l'air. Les nouvelles données montrent toutefois, que ce virus n'est pas aéroporté, ce qui signifie que la hausse des températures n'aura pas forcément un effet sur lui.
C'est pour cette raison que la seule mesure efficace jusqu’à présent, est la distanciation sociale. Il faut donc respecter les dispositions décrétées par les gouvernements pour limiter la transmission du virus et permettre son éradication.