Publié lors d'une journée nationale sur les décès par les pesticides au Maroc, organisée jeudi à Rabat sous le thème : "Ensemble contre le mésusage des pesticides", ce rapport indique que le CAPM a reçu 16.843 cas d'intoxication durant l'année 2016, soit une augmentation de 10,3 % par rapport à l'année précédente.
Selon la même source, l'incidence la plus élevée des déclarations a été enregistrée dans la région de Laâyoune-Sakia-El Hamra (119,26 pour 100.000 habitants), suivie de la région de Tanger Tétouan Al Hoceima (107,4 pour 100.000 H) et de la région de Rabat-Salé-Kénitra (83,6 pour 100.000 H).
Cette étude précise également que l'incidence des déclarations par les professionnels de santé était de 311,83 par 1000 professionnels de santé et celle du public était de 40,20 déclarations par un million d'habitants.
Durant l'année 2016, le système national de toxico-vigilance (SNTV) a pu détecter 29 signaux dont 11 ont pu être validés en alertes (40%), poursuit la même source, notant que les signaux alimentaires étaient en tête (8), suivis de signaux concernant les plantes (7), puis les signaux concernant la drogue (5), dont 3 (60%) validés en alertes, ajoute le rapport.
"Les départements du ministère de la Santé sont souvent confrontés à des cas d'intoxication par les pesticides, dus à l'accès direct de la population à des pesticides, qui sont parfois dangereux, que ce soit dans un contexte accidentel, particulièrement chez l'enfant, ou dans des contextes suicidaires", a déclaré à la MAP la directrice du CAPM, Rachida Soulaymani Bencheikh.
"La population a un accès facile aux pesticides", a souligné Bencheikh, faisant état, toutefois, d'une "très bonne réglementation au Maroc qui régit la commercialisation, la vente et l'utilisation" de ces produits.
Ceci-dit, il y a beaucoup de mésusage des pesticides, qui sont disponibles dans des souks hebdomadaires ou chez des épiciers, ce qui favorise l'accès facile de la population à ces produits pour l'usage domestique, notamment pour lutter contre les insectes ou les rongeurs, soulignant la nécessité d'une concertation entre les différents intervenants dans ce domaine, notamment le ministère de la santé, l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), le ministère de l'agriculture et celui de l'Intérieur, les professionnels qui travaillent dans les bureaux municipaux d'hygiène ainsi que les médias.
Elle a ajouté que les statiques du CAPM montrent une moyenne de 2000 cas par an d'intoxications par les pesticides, parmi lesquels un taux de létalité de 3% à 4%, notant que ce chiffre, qui reste très faible, "n'est que indicatif" et "ne serait que la tête de l'iceberg", vu qu'il existe plusieurs cas qui ne sont pas déclarés malheureusement.
Pour sa part, la présidente de la Société marocaine de toxicologie clinique et analytique, Naima Rhalem, a souligné que la grande accessibilité et la disponibilité de ces pesticides sur le marché marocain est à l’origine de cette problématique, notamment la vente dans les souks hebdomadaires et les épiceries.
Elle a poursuivi que l'objectif général de cette journée est de sensibiliser les différents intervenants et la société civile susceptible d’agir de façon directe ou indirecte pour réduire le nombre de décès par pesticides au niveau de notre pays et amener les décideurs à une révision de la réglementation, la commercialisation, l’utilisation et à un contrôle rigoureux des importations et des ventes de ces produits.Organisée par le Centre anti-poison et de pharmacovigilance, cette journée a réuni des représentants des différents départements concernés, notamment le ministère de la santé, le ministère de l'intérieur, l'ONSSA, ainsi que plusieurs professionnels de la santé et des chercheurs pour discuter des thématiques liées à ce problème, notamment la "tentative de suicide et le pesticide", "l'apport du laboratoire de toxicologie dans la prise en charge des intoxications aiguës par les pesticides" et "la réglementation des pesticides à usage agricole".