Les changements entrepris par le nouveau directeur de l’Isesco à la tête de l’organisation suscitent beaucoup de polémiques parmi les pays membres. Depuis sa nomination, lors d’une conférence extraordinaire tenue à Jeddah en Juin 2019, le Saoudien Salem Ben Mohamed Al Malik a chamboulé tout l’organigramme de cette institution. Il a, en effet, révoqué plusieurs fonctionnaires marocains, nommé quatre directeurs tunisiens et changé le slogan et la dénomination de l’organisation.
L’Isesco (Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture) est ainsi devenue l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, la science et la culture. Les autorités saoudiennes ont, en effet, adjoint au mot «islamique» le mot «monde» afin, disent-elles, d’éviter toute connotation idéologique. Cette décision, prise lors de la réunion du conseil exécutif qui s’est tenue à Abou Dhabi en janvier, relève pourtant des prérogatives de la conférence générale. Le conseil a, par ailleurs, procédé au gel du plan triennal adopté par la conférence générale de l’Isesco, ainsi qu'à l’amendement de sa charte et de ses règlements.
Dans son édition du lundi 9 mars, le quotidien Akhbar Al Youm rapporte que la conférence extraordinaire, qui s’est tenue à la Mecque en juin 2019, ne s’est pas contentée de nommer le nouveau directeur, point à l’ordre du jour, mais a également délégué ses attributions au conseil exécutif. Les observateurs émettent des doutes sur la légitimité du changement de la dénomination de l’organisation, qui relève des seules prérogatives des ministres des Affaires étrangères des pays membres. Pour ce qui est des nouvelles nominations, tout le monde a remarqué que le nouveau directeur général n’avait nommé aucun Marocain à une haute fonction alors même que le siège de l’Isesco est à Rabat et que le Maroc s’acquitte régulièrement de ses cotisations.
Pis encore, le nouveau directeur a licencié des fonctionnaires de plusieurs nationalités. Et il s’agit, dans la plupart des cas, de Marocains ayant plusieurs années d'ancienneté. D’ailleurs, après la révocation de leurs ressortissants, plusieurs pays touchés par ces chamboulements, tels la Jordanie, l’Azerbaïdjan, le Bangladesh, le Yémen et autres, commencent à s’intéresser de près ce qui se passe à l’Isesco. En revanche, plusieurs postes de responsabilité ont été attribués à des pays comme la Palestine, le Soudan, le Sénégal et le Burkina Faso. Mais la palme des désignations revient à la Tunisie qui a bénéficié de quatre directions et aspire à obtenir la cinquième au détriment d’un Marocain.